Flogging Molly -
Float
Date de publication : 30 mars 2008 par Seb-O-Matic
Contexte :
Flogging Molly de retour, et en mars comme par hasard. Le mois, et même carrément le jour, de la Saint-Patrick en Europe ! Bien vu, même si du coup on aura pas eu trop le temps de s’entraîner à reprendre en chœur tous les hymnes de ce nouvel opus pour s’envoyer de la Guinness dans le gosier, déguisés en Leprechaun.
Chronique :
Quoique. La magie de la toile aura permis à un grand nombre de se procurer l’album de manière pas très légale, mais pardonnable, depuis le mois de décembre déjà ! Enfin, l’important c’est qu’il soit là, et avec de la bière au frais pour bien apprécier toute la saveur des chansons des Flogging Molly. Et ça démarre sur des chapeaux de roue, avec « Requiem For A Dying Song », qui est tout simplement un classique instantané. Un riff tubesque à souhait et un refrain qu’on a hâte de brailler en concert au détriment de ses voisins de pogo. Y a pas à dire ça fait du bien par où ça passe et on en redemande. Toujours en pleine forme, le groupe irlando-américain a décidé qu’il n’était pas temps pour lui de ralentir le tempo, mais plutôt de continuer à déchaîner les dancefloors, en attestent « Paddy’s Lament », ou même la vieille « Between A Man & A Woman », ressortie de tiroirs décidément aussi bien remplis que les habitués de Temple Bar (puisque déjà entendue sur le tout premier album, le live « Alive Behind The Green Door »). Mais pour le coup, la chanson y gagne une nouvelle orchestration juste superbe.
Car la particularité de cet opus consiste en des arrangements poussés à leur paroxysme. Les instruments folkloriques que l’on pensait déjà utilisés de la meilleure des manières sur les anciens albums trouvent une nouvelle place et rendent chaque chanson encore plus savoureuse. On découvre encore après plusieurs écoutes de nouvelles finesses de composition parfaitement bien senties. C’est simple : c’est comme une Guinness parfaitement servie, avec la mousse déposée juste comme il faut au sommet de votre pinte, avec un trèfle dessiné dessus, et qui garde la trace de vos lèvres (celles qui servent à manger mesdames) après une ingurgitation salvatrice. Comment ne pas danser la gigue sous les coups d’accordéon de « Lighting Storm », lever son verre sur le refrain de « Punch Drunk Grinning Soul » ou sortir les mouchoirs sur le final « The Story So Far ? ».
La force de Flogging Molly réside en sa capacité à faire se côtoyer sur une même galette des chansons pour que les foules dansent main-dans-la-main-trèfle-dans-le-cul et d’autres d’une mélancolie superbe. La tristesse sublimée du tube éponyme « Float » en est cette fois la plus parfaite illustration. Des accords folk, un Dave King au top niveau de son chant et des paroles qu’Irvine Welch n’aurait pas reniées : « Drink away the rest of day / Wonder what my liver would say / Drink, it’s all you can ». Superbe. Et totalement en accord avec la pochette sur laquelle on voit tout le groupe vider sa Guinness autour d’une table, avec même un chien qui a le droit à son verre.
Le déracinement, thème récurrent dans l’écriture de Dave King (et pour cause), est encore présent sur l’évocatrice « Man With No Country ». Pourtant impossible de ne pas penser à l’Irlande tout le long de la galette, grâce à la ribambelle d’instruments traditionnels (toujours aidés par le violon d’une Bridget en pleine forme) distillés aussi soigneusement que le meilleur des whiskys tout le long de ces dizaines de minutes de bonheur.
Dave, le chanteur irlandais rouquin (et non le « chanteur » hollandais blondinet), a choisi de baptiser ainsi cet album parce que c’est comme ça qu’il perçoit Flogging Molly : un navire. Vue sa vitesse de croisière et la manière avec laquelle son capitaine tient le gouvernail, ce fier esquif n’a pas fini de surfer sur les flots, et de semer la joie dans chaque port où son équipage fera escale.
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