Tiger Army - III : Ghost Tigers Rise

Date de publication : 26 mars 2008 par Fab

Contexte

"Tiger Army never die !" scande Nick 13 au début de chaque album. Un message malheureusement de rigueur pour le groupe avant ce troisième album, Ghost Tigers Rise. En effet, Fred Hell, batteur en chef de l’Armée du Tigre, s’est pris quatre balles dans le corps lors du cambriolage de sa maison avant l’enregistrement. L’un des projectiles s’étant même logé dans le cerveau du musicien. Le gaillard survit et a même d’ailleurs reprit du service. Les chansons étaient déjà prêtes pour l’enregistrement, mais Mister Hell ne s’est pas remis à temps pour réaliser ses parties de batterie et c’est donc Mike Fasano qui officie derrière les fûts sur cet album. "Tiger Army never die !" donc, et tant mieux. Sinon, III : Ghost Tigers Rise est le troisième album de la bande à Nick 13. Il fait suite à II : Power Of Moonlite, paru trois ans auparavant. Entre temps, Tiger Army a sorti Early Years en 2002, un EP regroupant six titres parus sur divers supports au début de la carrière du groupe.

Chronique

Le vieux tigre est mort ce matin. Les feulements plaintifs des autres félins s’élèvent doucement dans l’atmosphère (« Prelude : Death Of A Tiger »). Au départ à peine audible, les cris rauques augmentent petit à petit en intensité. Et toute la forêt, dense et sauvage, s’enveloppe d’un voile de brume, triste et pesant. Puis les oiseaux s’envolent, affolés, désorientés, provoquant un brouhaha indescriptible dans le feuillage des arbres. Soudain, un hurlement retentit dans la jungle « Tiger Army Never Die ! ». L’âme du vieux mâle s’élève alors doucement, bercée par une ballade aux relents psychobilly, à la contrebasse sautillante particulièrement mise en avant (« Ghost Tigers Rise »).

L’envoûtante voix, se faisant alors entendre, emporte l’esprit du félidé bien au-dessus du sol et de ses congénères, au-delà de la cime des arbres, par delà même les nuages. L’âme de l’animal erre, sans but, solitaire et mélancolique, dans des cieux orageux et grisâtres, emportée par une mélopée, certes jolie, mais quelque peu monotone (« Wander Alone »). Bien que toujours mid-tempo, le rythme accélère tout de même légèrement au crépuscule, la guitare est plus acérée et les chœurs enjoués, comme si le tigre commençait à apprécier cette liberté nouvelle (« Santa Carla Twilight »). Puis, le tempo s’empresse encore un peu, la slap se vivifie et, finalement, cette chaude nuit, au clair de lune scintillant, défile à toute allure. Seuls quelques cris angoissants et des fantômes rôdant au-dessus de la forêt perturbent l’obscure clarté (« Ghostfire »).

Mais, à peine l’animal a-t-il tressauté sur ces deux titres qu’il ralentit de nouveau, se fourvoyant dans une complainte romantico-mélancolique. Alors certes, le groupe se débrouille plutôt bien dans cet exercice, et « Rose Of Devil’s Garden » parviendrait même à me donner la chair de poule. Cependant, c’est l’âme en peine que le vieux tigre s’égare, ne parvenant pas à retrouver sa fougue et sa hargne d’antan. Les interludes lorgnant vers le hardcore, et donnant tant de cachet au groupe auparavant, ont, pour ainsi dire, complètement disparu sur cette galette. Quelques incartades plus enlevées (« What Happens ? », « Swift Silent Deadly »), ou même au rythme plus country (« The Long Road ») tentent bien de réveiller le vieux félin. En vain.
Rien n’est assez violent et accrocheur pour l’enlever à sa torpeur grandissante. Alors oui, la voix est toujours aussi profonde, habitée même, la contrebasse apporte évidemment cette touche si caractéristique et le son général est parfaitement équilibré. Une très bonne prod donc, pour cet album, pas négligeable quand on connaît les productions souvent limites de bon nombre de groupes de psycho. Mais voilà, le reste ne suit pas vraiment, surtout en comparaison avec les premiers opus du combo.

Tiger Army possède toujours cette identité forte, via sa musique bien sûr, mais aussi grâce au charisme de son vieux tigre de chanteur : Nick 13. On reconnaît dès les premières notes la patte de l’animal, qui donne tant d’ampleur à la musique du combo. Seulement le trio s’est assagi, et, s’il a toujours eu ce côté langoureux et mélancolique sur ses anciens albums, cette facette est ici poussée à son paroxysme, éclipsant du même coup l’autre facette, plus punk, du groupe. Un bon album de ballades mid-tempo, prenantes, voire envoûtantes, mais manquant quelque peu de pêche, notamment sur un disque de plus de quarante-cinq minutes.
Alors, le tigre est-il bien mort et ne viendra-t-il plus hanter nos nuits de toute sa rage ? A l’heure où j’écris ces lignes, seul Music From Regions Beyond paru en 2007 peut nous donner un aperçu de la réponse, et malheureusement, les tigres ne semblent pas avoir fini leur deuil… Dommage, on préfèrerait les voir venger l’âme de leur ancêtre !



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BIOGRAPHIE DU GROUPE


Tiger Army


Note : 15 / 20

Année : 2004

Durée : 46 minutes

Label : Hellcat Records

Du Son : SOUND

Tracklist :

01. Prelude : Death Of A Tiger
02. Ghost Tigers Rise
03. Wander Alone
04. Santa Carla Twilight
05. Ghostfire
06. Rose Of The Devil's Garden
07. Atomic
08. What Happens ?
09. Through The Darkness
10. The Long Road
11. Calling
12. Swift Silent Deadly
13. Sea Of Fire