Loved Ones (The) - Build & Burn

Contexte :

C’est presque deux ans jour pour jour après leur premier album, que sort ce deuxième effort de The Loved Ones. Le groupe de Philadelphie, désormais en quatuor, en aura connus des changements dans sa courte carrière : un gros succès, un statut nouveau à assumer, le départ de Cotterman (ex-Kid Dynamite), une formation à quatre avec deux nouveaux musiciens transfuges de The Explosion, et le travail sur un second album, cap toujours périlleux.

Chronique :

La première impression n’est pas toujours la bonne, on le sait, elle est sujette à évolution pour peu qu’on donne la chance au disque de tourner suffisamment de fois dans sa platine. Pour autant, une première impression, ça ne se décrète pas et ça n’est jamais ressenti par hasard : ce deuxième album de The Loved Ones est plutôt une déception.

En 2006 Brian McTernan avait insufflé aux compos du groupe fraîcheur, simplicité et plaisir d’écouter une pop punk sans prétention qui allait droit à son but : donner le sourire et filer la pêche sans faire dans le "sunshine west coast pour prépubères". Mais voilà pas que deux ans plus tard The Loved Ones nous fait son petit complexe d’infériorité.
Peut-être en panne de spontanéité, ou refroidi par quelques dates en festivals ou en support de grands groupes (NoFX à Londres), où l’envergure du groupe a semblé un peu ’limite’, peinant à occuper l’espace, allez savoir... Toujours est-il que cet album, produit avec les gars de The Bouncing Souls, amis de toujours (Dave Hause a été roadie du groupe un temps), peine a convaincre et s’embourbe dans des aspirations à l’ambition mal placée.
Arrangements de cordes et d’orgue Hammond, intros au piano, orchestrations too much plutôt indigestes, un amalgame de tons et d’humeurs au service d’un vague concept album sur le thème du titre du disque, Build & Burn, et de la chanson single "The Bridge"... ajoutez à cela les featuring influents de musiciens du groupe de rock The Hold Steady (le solo sur "Louisiana" en est peut-être le seul point positif), et on obtient quand même, en plus de la baisse d’efficacité, un effet pouding un peu lourd à digérer...

Sur quelques titres Dave Hause retrouve tout de même sa verve et une hargne relative qui va si bien à ses chansons pop punk ("Dear Laura") et à sa voix, par ailleurs irréprochable. Pourtant sur une bonne moitié de l’album le ton affecté (les "I Love You ’Til The End" de "I Swear" sont insupportables), le manque d’authenticité de l’ensemble, l’absence de titre phare, tout cela est ô combien plus poussif si on juxtapose l’écoute de Keep Your Heart juste après ces 10 titres-là, souvent longuets...

Quel gâchis ! Car en format EP 4/5 titres il y avait de quoi faire un disque du tonnerre avec des morceaux comme "Pretty Good Year", "Sarah’s Game", "Louisiana", "Dear Laura" (bien vénère) ou à la rigueur "The Inquirer"... Sur tous ces titres l’allant de Keep Your Heart est plus que retrouvé, surpassé parfois, percutant, mélodique à souhait et taillé pour la scène. A côté "Selfish Masquerade", LE morceau qui plombe le disque en plein milieu, fait peine à entendre...

Toujours à la pointe actuelle de ce qui se fait de mieux en terme de pop punk mélo ("pour fillettes" diront certains), en grande partie pour la voix de Dave Hause et l’aspect classieux des mélodies du groupe, The Loved Ones livrent quand même ici un album en demie-teinte. Pour en apprécier les points positifs (et il y en a !), il s’avère essentiel de savoir zapper à plusieurs moments. Reste à voir comment certains titres une fois épurés, débarrassés du superflu, rendront sur scène, ça doit valoir le coup à mon avis !