Crime In Stereo -
Is Dead
Date de publication : 23 janvier 2008 par Punkachu
Contexte :
Troisième album sur un troisième label pour les gars de Crime In Stereo. 2007 signe l’heure du changement, de la ‘rupture’ comme dit l’autre, et c’est indéniable : Is Dead, avec son titre (au moins) à double sens, va en surprendre plus d’un dans l’auditoire habituel du groupe et du label Bridge Nine Records…
Critique :
Après Is Dead, le désormais éculé « c’était mieux avant » affublera sans doute la carrière du groupe de Levittown. Les ex-fans crieront surement au ‘crime en stéréo’ sur 35 minutes. Certains vous diront que le groupe et son producteur ont saboté un des meilleurs espoirs hardcore mélo de ce début de millénaire, à coup de caprices Joy Divisionesques (Mike Sapone est à nouveau aux manettes), vague resucée de post-punk à effets, relents 80’s mal léchés (« Third Atlantic »), ambition à base de complexe d’infériorité : "pas assez bien pour eux le simple punk rock ?". Elle est loin en tout cas l’époque où le groupe partageait un split-cd avec Kill Your Idols !
Bon, ceux-là n’auront pas passé la moitié du disque que déjà la génération zapping aura eu raison de Is Dead... Cette chronique s’adresse donc aux autres, ceux qui se seront donné la peine d’écouter le disque trois jours de rang pour en appréhender toute la richesse et toucher du doigt l’ambition qu’a voulu insuffler le groupe à sa musique (« Vicious Teeth »).
Déjà sur The Troubled Stateside les aspirations du groupe à un ‘au-delà’ se faisaient sentir sur plusieurs morceaux. Au de-là du filon punk mélodique surexploité, au-delà du tempo unique, de la redite d’album en album, on percevait déjà le talent mélodique à part, la sensibilité inhabituelle mise au service d’un punk rock très personnel hérité de Good Riddance et consorts. Le fil conducteur qui aura mené le groupe d’un EP comme The Contract à ces 11 titres-là est finalement logique et cohérent, rappelant assez le chemin effectué par Thrice par exemple.
La comparaison ne s’arrête pas là, tant ici les thèmes de l’errance, de l’introspection, l’ambiance intime et presque ésotérique imprègnent la musique du groupe. Les textes eux, sont encore un cran au-dessus de ce qu’ont pu écrire les new-yorkais par le passé. Le résultat n’est pas forcément très facile d’accès passé le premier titre très virulent : les tempos ralentis, les plans instrumentaux, aux influences indie (« Orbiter ») et expérimentales ne facilitent pas la tâche (« Unfortunate Tourist »). Quelques titres rappelant l’album précédent, « Nixon », « …But You Are Vast », « Choker », parsèment pourtant ce quasi concept album et servent de repères à un auditeur parfois un peu largué dans cette débauche d’effets et de songwriting hyper travaillé (la fabuleuse « Small Skeletal » est un exemple parmi d’autres…).
Avec cet album, Crime In Stereo ne sera pas le premier groupe un minimum créatif et libre à s’attirer les foudres de conservateurs patentés, garants de frontières stylistiques qu’eux seuls s’imposent. La question est-elle de savoir si Crime In Stereo est toujours un groupe qu’il reste de bon ton d’écouter ou si ce groupe rare suit un chemin musical honnête et indépendant des codes ? La profondeur et la durée de vie de ce disque parlent d’elles-mêmes, pour peu qu’on y ait prêté suffisamment d’attention, comme pour tout album exigeant (« Almost Ghostless/Above The Gathering Oceans »). Selon l’humeur, poussif ou inspiré, selon le temps, insipide ou habité, novateur ou sans âme : quand les avis les plus tranchés sont de la partie, l’album d’exception n’est souvent pas loin…
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