Akimbo - Navigating The Bronze

Date de publication : 16 janvier 2008 par Punkachu

Contexte :

Depuis l’arrivée du groupe sur Alternative Tentacles, il s’en sera passé des choses dans la carrière d’Akimbo. Après la réédition du premier album, Harshing Your Mellow, et la parution du monument Forging Steel And Laying Stone, après des mois de tournées, y compris en Europe, et l’établissement d’une reconnaissance bien méritée, venait le temps d’une nouvelle session de composition. De la collaboration avec Chris Owens (du groupe Lords) à Louisville, naîtra de quoi remplir deux opus. Le premier, Navigating The Bronze, poursuit de façon naturelle l’aventure musicale du groupe et paraît fin 2007. Le second, Jersey Shores, fait languir les fans et promet un délire art rock/hardcore qui en fait baver plus d’un et dont tout le monde attend plus d’infos. Navigating The Bronze est-il pour autant un album au rabais ?

Critique :

Avec l’arrivée d’un énième guitariste, Aaron Walters, et le retour du groupe en formation trio après le départ de Jared Burke Eglington (dans le groupe depuis 2000 !), les craintes quant à ce nouvel opus étaient légitimes. L’annonce d’un second album, enregistré aussi pendant les sessions au Head Bang Studio et au Kill Your Mama Studio, galvaudait un peu l’intérêt quant à la parution de ce Navigating The Bronze, réduit au rang de caution Akimboesque avant que le groupe ne se permette de sortir des sentiers battus, pilonnés même, de son rock lourd et furieux habituel. Pour l’heure Jersey Shores, qui changera peut-être de nom d’ici là, n’est toujours pas paru, Alternative Tentacles ne semble même pas sur les rangs pour le sortir, alors prenons Navigating The Bronze pour ce qu’il est : un nouvel album d’Akimbo et ça c’est de toute façon une bonne nouvelle.

En deux ans le groupe est donc passé du statut de petit groupe bruyant de Seattle, à celui de fer de lance d’un genre entre rockin’ hardcore et revival heavy rock où touches stoner, sludge, humoristique, ésotérique et section rythmique décomplexée font bon ménage dans un (pas si) joyeux bordel. En live le résultat est ainsi tout bonnement ahurissant, donnant à l’urgence, l’art du jam et la furia hardcore des places de choix dans la démarche artistique du groupe. Un atout comme un handicap, tant le risque de se brûler les ailes en devient grand. Soyez rassurés Navigating The Bronze conserve toutes les caractéristiques des albums précédents (« Wizard Van Wizard »).

Pour autant, revenir à la formation à une guitare, qui plus est avec un nouveau venu à la six cordes, n’était pas sans risque. Depuis Elephantine on s’était habitué à la richesse des compositions, à un style guidé par des rythmiques de folies et par l’inventivité et l’impact de deux guitares rageuses. Les possibilités sont à nouveau réduites ici, et la fougue d’Elephantine n’est plus aussi vivace. Du coup, passé le morceau d’ouverture « You Can Smell The Honey », la suite se fait plus mouvante et difficile d’accès, rappelant par certains aspects les spécificités de l’album City Of The Stars : avec pas mal de plans ralentis, d’escapades atmosphériques (la merveilleuse « Dungeon Bastard »). Une compensation stylistique qui demande un plus grand temps d’adaptation, ne nuit pourtant nullement à l’énergie délivrée (encore monstrueuse), mais qui fait aussi pécher le chant de Jon Weisnewski par certains excès, lui qui doit aussi gérer une basse davantage mise à contribution (« Megatherium » où le groupe reprend des phrases de J-S Bach ( !), frôle l’indigeste).

La prod brut de décoffrage, proche du rendu sur scène, sèche et sans artifice rappelle elle, les débuts du groupe et ce n’est pas un mal. Le groupe s’inviterait presque dans votre cave, fraîchement débarqué de son van (cf. la jaquette), prêt à en découdre les poings sur les hanches (la signification du terme "akimbo") et à faire trembler les murs (« Huge Muscles » est hallucinante) ! Autres clins d’œil au live : les deux premiers titres enchaînés sur un larsen, les interventions de Jon en fin ou au cours des morceaux pour commenter la performance du groupe ou taper une vanne ("bon stop là, ta gueule !" ou "oh on s’est chié dessus !") ; et surtout la présence en milieu d’album de « Romain Coins », exercice purement scénique du solo de batterie tout en roulements et crescendo dantesques. Nat Damm, batteur multi-récompensé, démontre si c’était encore nécessaire, sa maestria, biberonné qu’il fut au Keith Moon, Ian Paice, Jim Ward et autre John Bonham…

En conservant tous les atouts qui ont fait la reconnaissance du groupe (noirceur, folie, colère, son crade), mais en juxtaposant les tempos variés, en compensant l’absence d’une deuxième guitare par des riffs plus lourds, Navigating The Bronze décevra sans doute quelques adeptes autant qu’il rassemblera toujours plus la communauté de fans du groupe venant d’horizons bien différents (ce qui caractérise les grands groupes, non ?). Toujours très intense avec ses ambiances lourdes et suffocantes (« Hiding In Paper »), mais sans doute moins inspiré que certains de ses prédécesseurs (la fin de disque surtout), cet album est peut-être la partie émergée de ce qui s’est tramé dans les studios avec Chris Owens à la manœuvre (dans le genre en voilà un autre furieux), le prochain album n’en est que plus alléchant.



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BIOGRAPHIE DU GROUPE


Akimbo


Note : 17,5 / 20

Année : 2007

Durée : 39 minutes

Label : Alternative Tentacles Records

Du Son : SOUND

Tracklist :

01. You Can Smell The Honey
02. Wizard Van Wizard
03. Dungeon Bastard
04. Huge Muscles
05. Roman Coins
06. Lungless
07. Megatherium
08. Hiding In Paper
09. The Curse Of King David
10. Stjerneborg