Leptik Ficus - Rock’n’roll et Flatulences

Contexte :

Après deux démos passées complètement au travers des oreilles des punk-rockeurs français, et un premier album intitulé Sale Ambiance, qui aura en revanche marqué plus d’un esprit par son punk hardcore rentre-dedans et chanté en français ; Leptik Ficus revient en cette fin d’année 2005 pour sonner l’heure de la confirmation. C’est avec ces 18 titres que le groupe montpelliérain annonce l’heure du renouveau rock’n’roll on ne peut plus stupide. Du moins c’est ce qu’il en dit, puisque dans le fond le groupe n’est peut-être pas aussi idiot qu’il veut le faire croire…

Chronique :

Le boîtier entre les mains, on ne peut s’empêcher de sourire : un paysan pochtronné, parfait stéréotype du français moyen (le béret, le nez rouge), est ici complètement nu sur son tracteur, et lâche un délicat fumet faisant sortir des flammes du pot d’échappement ! Bon je vous rassure, tout ça n’est qu’un dessin, et voilà de quoi vous mettre dans l’ambiance Leptik Ficus.

Mais pas le temps de respirer l’odeur sortie directement du cul de l’agriculteur, car cet album démarre d’un coup sec, intense, rapide comme un jeune adolescent apercevant Clara Morgane à l’autre bout de la rue. Désolé pour la comparaison, surtout qu’après le premier album, Sale Ambiance, où effectivement le groupe se plaisait à parler (un peu) de sexe, il a ici troqué la bite contre le cul, si je puis dire, et plus exactement les flatulences ! Le titre « Ma daube est molle » incarne à lui seul le nom donné à la galette, mais je préfère vous passer les détails afin que vous puissiez juger par vous-mêmes. Car d’autres chansons sont franchement plus intéressantes ! En passant par la chanson d’ouverture « Americain Show » ou « Star du Rock’n’roll » et « Surgelé » (aussi intitulée « Histoire d’amour en promotion » dans le livret), les titres purement punk-rock s’enchaînent. Le hardcore du premier opus s’est un peu calmé, laissant place à plus de chant mélodique et surtout des lignes de guitare beaucoup plus recherchées. Dix-huit titres, voilà ce que nous offre Leptik Ficus, qui ne se fout décidément pas de notre gueule de ce côté-là.

Certains morceaux permettent de respirer au milieu de l’armada de titres énergiques, comme par exemple « La fille du métro », reprise punk-rock de Louis Hennêve, qui a le don de mettre de bonne humeur par ses textes d’une débilité absolue ; mais aussi « Avec les potes », titre rock’n’roll sans aucune contestation possible, les chœurs et le solo de gratte qui vont avec… A noter également la très bonne reprise « Jusqu’au bout », des mythiques Shériff, certes très fidèle à l’originale mais pourtant extrêmement cohérente avec l’ensemble de l’album.

Si sur Sale Ambiance le combo lorgnait du côté plus ou moins politique avec des morceaux comme « Révolution », il est sûr que ce second jet est beaucoup plus axé humour (mis à part un ou deux morceaux comme « Le dernier mot »). Exemple parfait avec « Do what do we ? » et son refrain des plus fun : « Ton grand-père est déchiré avec les punks du quartier, ta grand-mère vend du LSD » etc… comprenant une brève parodie de « J’irai au bout de mes rêves » de Jean-Jacques Goldman transformée en « J’irai au bout de la rave »… Bref…

Au final, on ne sait dire si Rock’n’roll et Flatulences est meilleur que son prédécesseur, mais une chose est sûre : les deux sont fortement recommandables. Le premier lorgne plus du côté hardcore et s’adresse donc à un public bien averti, alors que ce dernier est dans la directe lignée d’un Guérilla Poubelle un poil plus rock’n’roll et délirant. Un des fers de lance de la scène française chantant dans sa langue natale en tout cas.