Streetlight Manifesto - Somewhere In The Between

Date de publication : 26 novembre 2007 par Punkachu

Contexte :

Il s’en est passé des choses dans la vie des Streetlight Manifesto depuis Everything Goes Numb en 2003. Un succès foudroyant, une reconnaissance du public et des pairs, un label surfant sur la vague (et la soi-disant guéguerre médiatique opposant SM à Catch 22), et qui forcera le groupe à réenregistrer le mythique Keasbey Nights ; des tournées à n’en plus finir, émaillées de difficultés comme les vols de matos à plusieurs reprises (notamment après la date de Paris fin 2005)…

Ajoutons à cela un line up toujours aussi mouvant, dont les seuls rescapés, depuis Everything Goes Numb, sont Jim Conti, un des sax, et évidemment Tomas Kalnoky, toujours aussi talentueux et garant de l’identité musicale de ce second véritable album. Somewhere In The Between sort, après pas mal de reports, le 13 novembre 2007 (toujours sur Victory Records).

Chronique :

C’était inévitable (et souhaitable ?) avec cinq changements dans le line up, ce nouvel album de Streetlight Manifesto ne pouvait pas sonner tout à fait comme son prédécesseur. Je parle là d’Everything Goes Numb évidemment. Car tout le monde sera d’accord là-dessus, Keasbey Nights 2 n’était rien d’autre qu’un coup commercial imposé au groupe. Bref depuis Everything Goes Numb, deux bassistes, un batteur et quatre ou cinq cuivres se seront succédés, au gré des tournées et des aspirations de chacun. Pourtant le statut du groupe n’a cessé de se développer sans que l’identité du septet ne s’y perde. C’est avant tout LE grand soulagement à la première écoute de ce Somewhere In The Between : le groupe ne s’est pas perdu "quelque part au milieu" de nulle part, malgré la multitude d’influences qui ont fait son succès.

A mon sens, ce nouvel album corrige une bonne partie des défauts qui rendait Everything Goes Numb inégal, tout culte soit-il devenu par la suite. Moins spontané, moins surprenant sans doute, moins rugueux peut-être aussi (mais tout aussi énergique), Somewhere In The Between est composé de dix morceaux plus courts, contenant moins de digressions, plus succincts, et à mon avis plus efficaces dans leur globalité. Somewhere In The Between sonne davantage comme un album pensé en tant que tel. Les lignes de cuivres retrouvent ce quelque chose d’essentiel qui magnifiait Keasbey Nights (« Somewhere In The Between », « The Receiving End Of It All »…). Comme quoi avoir remis le nez dans les arrangements de ce dernier en 2006 a peut-être eu du bon… L’empreinte musicale est elle, toujours la même (influences jazzy, musique de l’Est, mélodies douces/amères etc...). Pas de doute des morceaux comme l’énorme « We Will Fall Together » sont du Streetlight Manifesto pur jus (quelle richesse musicale en trois minutes et demie ! Clip magnifique au passage).

Everything Goes Numb semble, près de cinq ans après, avoir été composé en contradiction avec le carcan « ska-punk-pouet-pouet-tout-à-fond » qui bridait la créativité de Kalnoky. Mais les années passées sur les routes ont apparemment tempéré les choses, ont fait encore grandir son talent de songwriter (« Forty Days ») et ont amélioré sensiblement ses capacités vocales (« Down, Down, Down To Mephisto’s Cafe »). Les différents types de chant dont Kalnoky est désormais capable sans accrocs accentuent encore l’éventail mélodique du groupe (« One Foot On The Gas, One Foot In The Grave », « What A Wicked Gang Are We »…). Les cuivres, on en parlait plus haut, sont malgré les changements de musiciens, encore une fois époustouflants, percutants, plein de finesse et d’énergie selon les moments, complexes et omniprésents, sans tomber dans les schémas classiques de soli successifs. Le nouveau trompettiste, Matt Stewart, est très mis en avant mais ses trois autres acolytes effectuent un travail de l’ombre auquel il convient de porter une grande attention. Encore une fois Kalnoky a su s’entourer d’un orchestre à sa mesure, à l’image du bassiste à cinq cordes McCullaugh, groovy et bondissant… La prod elle, est sans commune mesure avec le précédent album, très sobre, encore proche du live (Kalnoky a mixé lui-même le disque) mais bien plus ronde, mastering au West Side Studios oblige.

Un album qui grandit au fur et à mesure des réécoutes, un brin moins fou-fou que les débuts du groupe, mais au combien plus abouti, fruit du génie musical d’un homme désormais parmi les figures majeures du ’ska third wave’ (pour ce qui est de l’artwork il repassera par contre). Un must.



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Note : 18,5 / 20

Année : 2007

Durée : 45 minutes

Label : Victory Records

Du Son : SOUND

Tracklist :

01. We Will Fall Together
02. Down, Down, Down To Mephisto's Cafe
03. Would You Be Impressed?
04. One Foot On The Gas, One Foot In The Grave
05. Watch It Crash
06. Somewhere In The Between
07. Forty Days
08. The Blonde Lead The Blind
09. The Receiving End Of It All
10. What A Wicked Gang Are We