The Unseen + Banane Metalik + Time Bomb + The Last Wanted @ Paris

Date : 11 novembre 2007 par Anarchibald

Dans la série la météo ne m’aime pas, voici : « pourquoi pleut-il toujours quand je vais à la maroquinerie ? ». Bon en même temps vous me direz que ce n’est guère que la deuxième fois que je pointe le bout de mon nez dans cette salle parisienne mais quand même. Vous l’aurez compris c’est après m’être tapé une grosse averse qui ferait peur au père Noé, suivie d’une petite pause dans un café histoire de se réchauffer (un tout petit peu), que je débarque à la Maroquinerie. Il doit être environ 18h15 et il y a pas mal de monde sur le trottoir, cela dit ces punks ne poireautent pas pour attendre l’ouverture des portes mais pour acheter leur précieux sésame. Après tout rien de très surprenant car je vois mal tous ces types aller acheter leur place à la Fnac, ce que j’ai fait (d’une part parce que je suis un gros « sell out » et d’autre part parce que je me voyais mal me taper plus de 40€ de train pour ne pas trouver de tickets sur place) et qui me permet donc de rentrer illico et surtout au chaud !

La salle est encore loin d’être comble, le bar n’est même pas ouvert, les merchs sont quasi déserts et il y a Olivier de Time Bomb qui tape la discute dans les escaliers. Une situation qui mettra environ un gros quart d’heure pour changer et c’est heureux puisque à peine suis-je de retour du bar (cette fois-ci bel et bien ouvert) avec une pinte bien fraîche que The Last Wanted entame son set. Je ne capte pas tout de suite mais c’est vrai que le chanteur du groupe possède un style très typé emo ce qui ne cadre pas du tout avec la musique plus orientée hardcore (tant mieux d’ailleurs). Les belges s’en sortent bien mais le public préfère stationner sur les « gradins » mis à part quelques courageux qui descendent dans la fosse voir attaquent le pogo qui, faute d’être suffisamment nourri, ne fera pas long feu. Les rares pauses entre les titres seront, une fois n’est pas coutume, souvent utilisées pour rameuter du monde sur le devant, un appel pas toujours très bien suivi et la fosse ne sera toujours pas comble lorsque le groupe quittera la scène.

Il ne faudra pas attendre très longtemps avant que Time Bomb ne prenne le relais ce qui entraînera un changement radical au niveau du public. Il faut dire que le groupe joue à domicile et cela se remarque facilement avec des spectateurs qui quitteront rapidement les perchoirs pour envahir la fosse. Cela dit la prestation des parisiens mérite l’accueil qui lui est réservée avec un très bon son. Les zicos (particulièrement Olivier) s’en donnent à choeur joie ce qui, avec la participation du public multiplie le potentiel de titres tels que « Drop This ». Le set n’est guère plus long que celui de The Last Wanted mais on sent que la salle et chaude et personnellement je ne verrais aucun mal à ce que The Unseen enchaîne illico, d’autant plus que la performance du groupe m’a donné une bonne envie de bouger.

Retour au bar afin de revenir équipé pour accueillir Banane Metalik dont les accessoires continuent d’arriver sur scène. En gros cela se résume principalement par une croix de St André (ou de Bourgogne c’est selon) sur laquelle se trouve attaché un individu masqué qu’un second larron mimera de fouetter en attendant la venue du groupe et durant toute la première chanson. Bien que je m’attendais à voir de l’horror punk, je commence à avoir quelques appréhensions. Appréhensions confirmées par l’arrivée du reste de la clique fortement déguisé et maquillée (c’est vrai qu’Halloween n’est pas loin mais bon). Enfin je dis horror punk mais le chanteur préfère gore ’n’ roll, appellation qu’il lancera à plusieurs reprises lors du set, à l’image de ses deux autres phrases favorites, à savoir : « on fait de la musique avec nos tripes » et « il n’est pas tard ce soir ». Si ce côté très visuel peut en réjouir certains, il risque en revanche de rebuter voir d’agacer (ce qui est mon cas) les autres. Il faut dire qu’en plus de cela le chanteur maintient ce côté « train fantôme » dans le timbre de sa voix mais également dans ses propos pseudo sataniques, lachés entre les tunes, deux ou trois fois c’est marrant mais quasiment à chaque transition ça devient franchement lourd, d’autant plus que celui-ci à tendance à surjouer.

Dommage car du coup on prête beaucoup moins attention à la musique. Celle-ci alternera entre un son plus « classique », où les riffs puissants éclipseront malheureusement la contrebasse, et des titres plus soft où cette dernière tiendra évidement une plus grande place. Une alternance qui permet au public d’animer grandement la fosse quant ce n’est pas le chanteur qui décide d’y faire un tour, car s’il sait déblatérer des phrases que l’on aimeraient parfois ne pas entendre, il est tout aussi fougueux au niveau de son jeu de scène et bouge dans tous les sens (ce qu’on ne lui reprochera pas du tout, au contraire). A cela on peut ajouter les quelques passages d’une « danseuse » qui viendra aguicher les premiers rangs quand ce n’est pas pour balancer de la cervelle dans la foule (eh oui je vous l’avais dit) et cela finit de confirmer que Banane Metalik est un groupe très visuel. Le groupe achèvera son set en rejouant « Opus 666 », rien d’étonnant car il s’agit d’un des meilleurs titres de ce que j’ai entendu du groupe. Cela dit , faute d’avoir pu rentrer dans le trip du groupe (vu l’affluence dans la fosse il faut croire que pas mal y sont parvenu), je dois bien avouer je suis moins excité que lors de la fin de la prestation de Time Bomb. Afin de vérifier si cette dernière première partie a été aussi longue que ça m’a paru je jette un oeil sur ma montre pour ne m’apercevoir qu’il n’est que 21h30 ! Bah oui le chanteur de Banane Metalik avait bien dit qu’il n’était pas tard mais quand même !

Sous la pression d’un certain alcoolo du zine, je retourne au bar auprès duquel se trouvent des membres de The Last Wanted accompagnés de leurs potes, le tout baigné dans l’alcool. Deux d’entre eux jouent d’ailleurs à un étrange jeu dont le but consiste à mettre l’autre dans la poubelle, jeu qui se finira par la rencontre d’un crâne avec le carrelage (rien qu’au bruit ça faisait mal). Après ces émotions fortes les gars chercheront lequel d’entre eux est le plus bourré, sachant que bien sûr (selon chacun d’eux) ils sont sobres. Enfin je ne juge pas on l’a tous fait après tout (comment ça "non" ?!).

Retour aux choses sérieuses avec le clou (je fais même des pseudo blagues sans m’en rendre compte) de la soirée : The Unseen. Je viens me coller juste à temps au devant de la scène quand résonne « The Brutal Truth », l’intro de « International Salvation », qui débouchera bien évidement sur « Such Tragedy ». Le pogo se met très vite en place ainsi que le chant du public qui vient soutenir les voix un poil trop faibles (du moins par rapport aux groupes précédents), heureusement pas assez pour rendre les prouesses de Mark inaudibles mais sûrement suffisamment pour perdre (un peu) ceux qui ne connaissent pas le répertoire du groupe. La chanson s’achève déjà et je m’attends à ce que s’enchaînent les titres du dernier album, c’est donc avec surprise que je vois immédiatement débarquer une rescapée de « Lower Class Crucifixion », à savoir « Police Brutality » dont les « Authority ? No Authority ! Fuck Authority ! » ne tardent pas à faire trembler les murs de la salle. Cette fois-ci, la machine est définitivement lancée et il n’y a plus moyen de l’arrêter, l’absence de Tripp Underwood, le bassiste habituel, est à peine remarquée, d’autant plus que le groupe revisite habilement l’ensemble de sa discographie avec des titres tels que « Break Away », « Hit And Run », « Sick of You », « What Are You Gonna do », « Torn And Shattered (Nothing Left) », « Dead Weight Falls »...

Voyant que le groupe aime bien ressortir ses vieux morceaux je gueule un petit « Unseen Class » entre deux chansons, ce à quoi Mark répondra avec le sourire qu’ils détestent cette tune. Tant pis, après tout inutile de faire la fine bouche surtout que les bostoniens jouent des morceaux que je ne m’attendais pas à entendre et qui font foutrement plaisir à l’image de « No Evacuation ». Avec tout ça pas le temps de chômer et d’ailleurs le tarif annoncé sera de trois titres pour une pause significative histoire de reprendre un peu son souffle avant de repartir de plus belle. Il faut dire que Mark se donne à fond en arpentant la scène de long en large, sautillant tel un diable sortant de sa boîte et n’hésitant pas à venir tendre le micro sur les refrains voir à le laisser à l’abandon dans la fosse. Bien évidement le show gagne en intensité quand arrive les indispensables « False Hope », « Are We Dead Yet ? » ou encore « Live In Fear », dédiée pour l’occasion à Time Bomb et sur laquelle Mark demandera aux spectateurs d’effectuer un circle pit, prenant même le soin d’expliquer le comment de la chose, preuve que l’on ne voit pas fréquemment ce genre de prouesse dans les salles françaises. Pas le temps de voir si l’appel a été entendu, trop occupé à m’arracher la gorge avec chaque parole de la chanson tout en essayant de ne pas être trop compressé entre les pogoteurs et la scène, sans oublier d’éviter les slameurs bien sur. Et ce n’est sûrement pas le déroulement du set qui va calmer les choses, bien au contraire puisque plus l’heure fatidique approche et plus les slams se multiplient tandis que le pogo s’intensifie. Il faut dire que dans les derniers morceaux débarquera la très efficace « Right Before Your Eyes ». La prestation du groupe s’achèvera par le duo « On The Other Side » / « Scream Out », un titre tellement approprié à l’ambiance qui se dégage de la fosse.

Les gars quittent la scène après une quinzaine de morceaux ayant accouché, comme toute bonne prestation d’ailleurs, d’un set trop court. Heureusement que les punks n’ont pas décider de lâcher le morceau si facilement et les « Unseen ! » retentissent à travers la Maroquinerie jusqu’à ce que le groupe revienne sur scène. Le rappel débutera sur les chapeaux de roues avec « The End Is Near », pour ensuite laisser monter crescendo la vitesse et l’intensité sur « Explode » avant que l’on revienne sur un rythme plus calme avec « Paint It Black », reprise des Rolling Stones qui clôturait déjà « State Of Discontent ». Nouveau départ, et nouveaux cris et claps du public qui amèneront les bostoniens à revenir une nouvelle fois occuper la scène laissant l’occasion à Mark d’ironiser là-dessus en déclarant : « C’est comme si on était des rock stars : vous nous appelez et on revient » avant d’ajouter plus sérieux cette fois que ces trois dernières chansons seront belles et bien les dernières pour la bonne raison que leur deuxième guitariste n’en connaît pas d’autres. On commencera ce deuxième rappel avec une autre reprise, cette fois-ci présente sur le dernier album puisqu’il s’agit de « Talking Bombs » du groupe The Freeze, qui nous fait ressentir un petit air de déjà entendu tout à fait normal puisque le morceau a été passé en fond sonore à chaque changement de groupe. S’en suit alors un retour dans le passé avec « So This Is Freedom ? » pour de nouveau finir avec une chanson issue du premier album mais toujours très efficace (et d’actualité) à savoir « Social Security ». Cette fois-ci c’est la bonne, le groupe disparaît définitivement comme annoncé malgré les tentatives de rappel qui prennent la forme du refrain de « Children Of The Revolution ».

Petit passage au merch avant de regagner la surface pour m’apercevoir que le t-shirt que je voulais acheter n’est plus disponible, je me console alors en me rabattant sur un sweat avant cette fois-ci de reprendre la direction du métro tout en me disant que finalement, ça valait bien le coup de sécher mes cours du lundi matin.

Je ne pourrais conclure ce live-report sans adresser un grand merci à Rockin’ Street pour avoir pris le risque de nous offrir cette magnifique soirée. Heureusement et contrairement à ce que l’on pourrait croire, le punk n’est pas mort en France.



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