The Robocop Kraus + So So Modern + Gâtechien @ Le Nouveau Casino (Paris)

Date : 6 novembre 2007 par ForTheCause , Pierrot Le Fou

Rendez-vous pris ce mardi soir au Nouveau Casino pour le passage des Robocop Kraus dans la capitale. Accompagné par les néo-zélandais de So So Modern à l’occasion de cette tournée européenne, les allemands sont là pour présenter leur dernier album « Blunders & Mistakes ». Au vu de la tournure qu’a pris l’univers musical du quintet sur le dernier opus (moins d’influences dischordiennes au profit de leur versant plus pop), c’est avec une légère appréhension qu’on se dirige vers la salle de concert.

Gâtechien assure l’ouverture du concert ; il s’agit d’un duo Basse/Batterie originaire d’Angoulême et de Tours. Musicalement, ce binôme officie aux confluents du punk, de la noise et du post rock. Sur scène le résultat est assez impressionnant : le bassiste rend honneur à son instrument grâce à des plans originaux, chaotiques et même parfois carrément bancals tandis que son comparse batteur assure des rythmiques hallucinantes. Au départ ce type de formation peut effrayer par son originalité, d’ailleurs le peu de public présent aussi tôt dans la salle ne semble pas être très réceptif. Ce que ne manquera pas de souligner le batteur avec des remarques ironiques du style : « vous prenez l’apéro ou quoi ? ». Car en plus d’être doué et d’assurer une prestation scénique de premier plan, les deux lurons possèdent à eux deux un humour bien trempé. Un set placé sous le signe de la bonne humeur donc, avec des morceaux intitulés « Le Rouge A Lèvres De Papa » ou encore « Jesus A Perdu… ». Une excellente surprise décalée et qui donne envie de mieux connaître l’univers de ce groupe si particulier.

Entre temps la salle s’est remplie mais on ne peut pas vraiment dire qu’il y ait foule lorsque commence le show des électro popeux new waveux de So So Modern. Voilà un groupe qui porte bien son nom tant il est dans l’air du temps. Energique et bien barré, le son des néo zélandais mélange guitares saturées, claviers analogiques et une batterie en roue libre. Grosse déception d’emblée, ils ne jouent pas encapuchonnés dans leurs habituelles tenues blanches. Un set énergique certes, mais qui ne suffit pas cependant à bouger un public statique. Seul leur fan club représenté par 4 paires de converses qui s’agitent au premier rang et un type plus qu’enthousiaste, tirent la salle d’une certaine apathie. Il faut dire que ça à beau être dansant, certains passages se révèlent franchement pénibles lorsque les mecs font joujou trop longtemps avec leurs claviers. Visuellement par contre, c’est impeccable et on sent la bande au taquet ; ça crie et ça remue dans tous les sens. Après trois quarts d’heure de spectacle, ils quittent la scène sous les applaudissements polis du public, décidemment pas trop en phase avec le quatuor.

Un quart d’heure plus tard, The Robocop Kraus envahissent la scène et le stress augmente de façon considérable quant à la question du choix des morceaux qui seront joués ce soir. Pas trop le temps de réfléchir cependant, les allemands ouvrent directement avec « Modern Attraction » puis enchaîne avec « You Make The Boys Shy » (toutes deux tirés de « Tiger », leur album de 2001)…On ne pouvait pas trouver meilleur introduction pour ce concert !

Dès le départ toutes les angoisses s’envolent et le plaisir prend le dessus : les premiers rangs dansent et chantent, tout le monde est à la fête. Ce n’est qu’après « Small Houses, Odd Cars » et « All The Good Man » de l’album « They Think They Are The Robocop Kraus » que sera joué « Automotive Man », premier morceau de la setlist tiré du dernier album, enchaîné également avec un autre morceau récent : « Gibraltar ». L’ambiance baisse de régime car le public ne connaît pas encore forcément bien cet album. Les allemands sont au top de leur forme et le chanteur nous préviens « Nous sommes ici avec vous pour passer une soirée exceptionnelle ! ». Tant mieux car on est pas venus là pour enfiler des perles en écoutant un groupe sur le déclin ! A l’image des 3 doublettes du début de concert, The Robocop Kraus poursuivent leur concert en piochant en vrac dans tous leurs albums (hormis le tout premier) et nous offre à la fois du vieux (« Fashion », « Gesture Of Slight Slandeur », « Mario Lanza (Or Was It Just Chardonnay Talking Tough ) » et l’inévitable tube qu’est « Fake Boys »), et du plus récent avec « After Laugh Come Tears », « You Don’t Have To Shout » et « In Fact You’re Just Fiction » de l’avant-dernier album. Le nouveau bassiste se débrouille bien et semble avoir largement pris ses marques avec le groupe. Il montrera fièrement son portrait caricaturé à Paris l’après-midi même… Bref à l’aise quoi ! Les nouveaux morceaux eux, ne sont pas non plus en reste avec « Minions Of Satant » et « Standing In The Punchline ».

Après une bonne cinquantaine de minutes le groupe sort de scène avant de réapparaître pour le rappel que l’on voyait arriver avec ses gros sabots bavarois. On aura le droit à trois morceaux pour ce dernier chapitre du concert avec en premier le tout récent « Snake » et ses chœurs reconnaissables. Puis s’ensuit un malentendu entre le groupe qui demande si l’on veut entendre une chanson en allemand ; le public dans l’expectative ne répond pas et le chanteur embraye avec un « de toute façon on la jouera quoi qu’il arrive ». Et c’est donc sur la reprise de « Filler » de Minor Threat chanté en allemand qu’ils enchaînent ! Un morceau qu’ils avaient enregistré pour une compilation en hommage au label Dischord. Heureusement même en allemand les paroles sont facilement reconnaissables et on peut donc tendre le poing à chaque refrain avant de le reprendre en chœur en anglais à la fin. On quitte le groupe sur « Chances », un morceau du dernier album qui clôture en beauté (malgré ses phrases de clavier de mauvais goût) ce rappel de 20 bonnes minutes et cet excellent show ; la guitare est donné à une demoiselle et la basse finit également entre les mains d’un gars du public. Les 3 frontman de So So Modern ont rejoint le groupe sur scène et se sont incrustés sur la batterie, preuve de leur complicité avec les allemands (qui leur ont également dédié un morceau durant le concert). Ça finit en orgie sonore avec le bassiste qui hurle tout ce qu’il peut dans le micro. Bref une fin de concert à la Robocop Kraus quoi, le démontage progressif de batterie en moins ! Tous finissent ensuite en ligne pour saluer le public, le sourire aux lèvres.

Un concert qui n’aura pas déçu c’est clair, même s’il manquait 2/3 titres comme « PostModernism Has Won This Time », « The Dead Serious » (pourtant réclamé plusieurs fois) ou encore « Uri Is At It Again » pour le rendre idéal. Qu’on se le dise, malgré un dernier album assez calme, Robocop Kraus n’a en rien perdu de sa fougue et de son charisme sur scène !



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