Envy + Pneu @ Trabendo (Paris)

Date : 11 novembre 2007 par Fuckin Asshole

Au moment de prendre le métro pour me rendre au Trabendo, je pensais à cette inscription que j’avais un jour vue gravée sur le fer à l’intérieur de l’une des voitures de la ligne 2. Une fois monté dans une rame de cette ligne, je pivote légèrement sur mon siège et remarque de nouveau cette inscription…"ENVY"... Est-ce un signe ? Les "voyant(e)s" ont peut être raison ! Le concert est censé commencer à 19h30, j’arrive quelque chose comme 1h après le début du concert, et découvre pour la première fois la salle du Trabendo. Première bonne impression, c’est plutôt classieux, l’agencement de l’espace semble intéressant. A peine arrivé, un ami me rejoint, déjà une bière à la main alors qu’il a tourné toute la nuit à la vodka (ah ces alsaciens...). On découvre les lieux ensemble ; il est lui aussi sous le charme de la salle.

Par "hasard", je rencontre une connaissance qui me parle d’un groupe que l’on vient de rater et qui s’appelle Pneu (ça ne s’invente pas). Un bref descriptif pour retranscrire ses mots : c’est un schéma guitare/batteur, le groupe fait de la « musique expérimentale », du branlage de manche, tout est calé au millimètre près, c’est rapide et agressif ! Dommage qu’on les ait ratés. On entame donc directement avec Envy. On s’avance pour trouver bonne place avant la prestation du groupe hardcore phare de Tokyo. Et c’est à ce moment que nous découvrons le problème majeur de la salle, la scène est plus bas que le public ! C’est le monde à l’envers, et même moi et mon pote qui dépassons aisément le mètre quatre-vingt, galérons pour voir ne serait-ce qu’un cheveu d’un musicien…

Une fois les japonais installés, le show commence de façon un peu molle. Envy débute réellement après, avec le hit « Chain Wandering Deeply », morceau d’intro de « A Dead Sinking Story » (2003). De cet album, seront joués aussi des morceaux des plus renversants : « Distress Of ignorance », « Colors Of Fetter », « Reasons And Oblivion ». De « Insomniac Doze » (2006), les japonais enverront les compositions intenses comme la brillante « Further Ahead Of Warp », « Shield Of Selflessness », « The Unknown Glow » ou la magique « A Warm Room », vraiment remarquable en concert. Je vous cite cette playlist de tête, ne retenant que ce je connais déjà et qui m’a marqué au fer rouge dans leur discographie. On aura aussi droit à un nouveau morceau, qui ne présage pas un avenir très intéressant pour Envy : le groupe allonge ses morceaux, les rend plus calmes, trop calmes, encore plus que pour « Insomniac Doze », où, à mon avis, la limite à ne pas franchir était atteinte.

Pour ce quoi est de la prestation live, la voix du chanteur n’est pas aussi impressionnante qu’elle pourrait l’être vu le rendu du cd, j’attendais quelque chose qui vous prend plus aux tripes... Le chanteur est vraiment réservé sur scène, ça le dessert parce qu’il ne pousse pas assez la voix pour le chanté, et dans le crié ne se donne pas corps et âme, peut-être trop pudique pour se mettre à "nu" et mettre en forme le fond de ses paroles… En écoutant leur musique sur album, on sent une mélancolie extrême, c’est peut-être masochiste, mais je pense que quelqu’un qui aime Envy cherche ça en concert. Le son est extrêmement fort, d’autant plus que pour voir quelque chose, il faut se mettre sous les hauts parleurs. Il y a comme un surplus de basse et un manque de médium, mais ça s’améliore avec le temps. Je plains énormément ceux qui n’ont pas de quoi se protéger les oreilles. Dans le public, on peut reconnaître plusieurs membres du groupe émo francilien Brume Retina, très investis dans cette scène. J’ai vu ces derniers deux jours avant au Saphir 21, une toute petite salle, dans le sous-sol d’un bar, d’une vingtaine de mètres carrés. Il aurait été bien plus sympa de voir Envy dans ce contexte, mais la médaille du succès a son revers...

Envy, groupe si influent, considéré comme une référence du genre, nous déçoit un peu pour être honnête. C’est un concert attendu depuis trop longtemps. Il y a apparemment eu un gros effet de mode autour de ce groupe. Mais quand on discute avec les gens, ils nous disent tous qu’ils les connaissent depuis des années (mais bien sûr !). En tout cas visuellement, ils sont bien marrants, des asiatiques barbus, ou alors avec une touffe de cheveux à la disco, et au fait le schéma est deux guitares / basse / batterie / chanteur-joueur de clavier et samples. J’aime beaucoup le jeu du batteur largement à base de roulements, et d’autant plus appréciable en concert quand il est jumelé aux envolées atmosphériques d’effets de guitare et de nappes au synthé, ce qui se rapproche assez d’ensembles de violons.

Le public lui, est comme à un match de tennis : d’un silence absolu quand ça joue, et prêt à brailler comme des porcs quand c’est possible car Envy alterne les passages énervés avec les passages très (très) calmes. Alors, lorsqu’un des guitaristes joue en ‘solo’ 3 notes en 5 secondes et stoppe un peu l’élan de la chanson, des mecs crient "ouuuuuuuais" et applaudissent comme des dingues... pas très fins ou trop ironiques… Bref, 22€ la place, comprenez que l’on se soit senti un peu volés (et pas "voler" malheureusement, ça n’aurait pas eu le même sens). J’ai l’impression que le concert n’a duré qu’une demi-heure, et pourtant ils en ont fait le double ! Rester sur sa faim c’est vraiment une impression désagréable. Comme dirait le mec qui m’accompagne, "s’ils rejouent demain, je n’y vais pas".

Bien que j’aie toujours autant de plaisir à les écouter en cd, le show du Trabendo un jour d’armistice, n’a pas satisfait toutes les attentes. Une bonne expérience tout de même avec des passages intenses, des bons moments live avec les anciennes compositions, et une énergie abondante sur scène... Mais combien de temps cela durera t-il encore pour ce groupe ?



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