Le Café de Paris est un endroit plutôt actif dans Paris. En-dessous de la fameuse Rue Ménilmontant, et en haut de l’encore plus fameuse rue Oberkampf. Et il propose plusieurs activités. On est dimanche soir, l’AJ Auxerre est en train d’éclater le PSG et des gens regardent ça sur le grand écran du trottoir. Un trottoir bordé par un camping-car... A l’intérieur, dans la pièce du fond, une femme valdingue avec un drap sur la tête. Une réunion du KKK ? Non, un spectacle « dramatique ». En bas, les toilettes, et le sauna où se déroulent les concerts.
Parce que dès le set de Bruno Ravi, le chanteur du groupe caennais muni de sa guitare en bois, il fait une bonne grosse chaleur. Mais les quelques 80 personnes qui sont venues passer la soirée dans une cave (Paris > banlieue) restent en bas, preuve de la qualité du spectacle qui leur est offert. Le gaillard agite sa mèche sur des reprises de son combo, genre « Blue Screen », et s’amuse aussi avec son iPhone. Comme il joue avec Can’t Bear This Party, il a trouvé marrant de s’accompagner de quelques beats directement sortis de son téléphone cellulaire. En plus il est malin, et a pensé à se mettre en mode « avion », empêchant ainsi les petits plaisantins de lui niquer son show en l’appelant pendant une chanson. Regrets. Une petite dernière avec comme accompagnement la bande sonore du « Close To Me » des Cure, et c’est au tour de Crossing The Rubicon de s’emparer du carrelage de la petite salle.
L’entrée en matière est frontale. Les dizaines de kids que l’on ne voit jamais aux autres concerts (avec les t-shirts A Day To Remember et tout ça) doivent être surpris, mais là encore le public semble apprécier le set des parisiens. Quelques aller-retours sont toutefois entrepris par quelques-uns, histoire de reprendre un peu d’air. Un qui n’en manque pas, c’est le chanteur, qui s’époumone, devient tout rouge et luisant de transpi à force de tout donner, tandis que les musiciens déroulent tranquillement mais en puissance. Sur la grosse demi-heure de set, les nouveaux titres sont privilégiés et annoncent du très lourd. Très bonne prestation, qui aurait été encore plus cool avec quelques remous dans un pit qui va devenir complètement dingue dans quelques minutes...
Les niçois de Can’t Bear This Party installent tout le matos qu’ils trimballent dans leur camping-car (la classe) pour leur tournée européenne dont c’est la première date. Et à voir comment ça s’agite dès les premières notes de l’intro « What Would You Expect From Guys Like Us », ils étaient attendus ! Comme sur l’album, ça enchaîne aussi sec sur « So Quarrelsome », où on retrouve le timbre de voix qui était pour beaucoup dans le charme de Chasing Paperboy. Tout de suite on comprend que le jeu de ping-pong oral entre les deux chanteurs (l’autre vient de Freygolo) est une autre corde à l’arc du groupe de la région PACA. C’est carré au possible, parfaitement en place, avec des mélodies dans tous les sens pour le sing along et des riffs qui poutrent pour déchaîner le pit. C’est là qu’on comprend pourquoi il n’y a que des jolies filles dans les concerts de happycore : parce que les mosh part !
Ces fameuses séquences de danse pas si loin que ça de la Tektonik sont parfaitement exécutées dans l’assistance, où ça s’amuse franchement, avec même des pyramides humaines qui se forment ! Plus conventionnel, ça slamme sur la largeur de la pièce en laissant ses empreintes de pas au plafond. C’est ça qui est cool. En ayant assimilé tous les codes du genre, ils y ont apporté leur touche en y mettant le côté complètement fun qui fait tellement défaut à bien des formations. Andrew WK fait l’amour à Parkway Drive. La formule est parfaitement rôdée, et on a presque l’impression de se trouver face à un groupe américain. C’est qu’ils tiendraient facilement la comparaison, et feraient même sans aucun doute sensation au Groezrock.
La quasi-intégralité de l’album a été envoyée, le public a dansé sur toutes les notes de synthé ou de séquenceur (« City’s So Sad »), a headbangué sur les parties hardcore, repris en choeur les paroles de l’extraordinaire « It’s U Between T&V » (single de l’année ?) et sort totalement rincé du Café de Paris, un gros sourire sur la face, avec la sensation d’avoir percé à jour l’un des plus jolis secrets de la scène punk rock hexagonale. Mais il ne devrait plus le rester très longtemps...