Mad Sin - 20 Years In Sin Sin

Contexte :

Pour fêter ses 20 ans de carrière, Mad Sin, plus célèbre combo (néo-)psychobilly teuton, décide de sortir un double album sévèrement burné chez People Like You. Le 1er cd contient des titres inédits fraîchement enregistrés, des chutes d’anciennes sessions studio, et quelques chansons issues des albums God Save The Sin et Teaching The Goodies. Le second est un live à Hollywood enregistré au fameux Henry Fonda Theatre en mai 2006.

Chronique :

N’empêche que si un jour tu croises les gars de Mad Sin dans une ruelle sombre un soir d’automne, et ben tu fais dans ton falzar. Ni plus ni moins. Parce qu’avec leurs tatouages de camionneurs, leurs piercings dans l’nez façon Vache Qui Rit, leurs tremplins sur la tête et leurs blousons à clous comme dans les Guerriers du Bronx, ils ont pas vraiment des allures de petits chanteurs à la croix de bois (« Vois sur ton chemin, gamins oubliés / égarés, donne-leur la main pour les mener vers d’autres lendemaiiiins » tout ça, tout ça…). Franchement, pour un peu, ces mecs feraient passer Banane Metalik pour les Jonas Brothers.

Côté musique, c’est loud, loud, loud, ça tabasse, ça bute, ça fritte, ça tape, ça percute, contrebasse en avant qui claque comme une DP dans une production Colmax, grosse voix de gros méchant qui braille à réveiller les morts. Ça commence bien avec « Syndicate Deluxe », puissante, beau compromis entre rockabilly et punk-rock qui envoie le bois, et une très belle « Rusty Nails » parfaitement dans la lignée. Mad Sin fait rarement dans la dentelle et ce skeud ne va pas faire exception à la règle en balançant même, comme le groupe en a l’habitude, un titre en germain, « Ich Kann Nicht Schlafen », qui enchaîne direct sur la très sautillante « Dirty City » venue du fin fond de la crypte.

Sur « Psyclops Carnival », Mad Sin calme un peu le jeu et joue la carte de l’ambiance, toujours à base de trucs qui font peur aux enfants et aux vieilles, avec des vampires, des zombies et des loups-garous qui font bouh !. C’est classique mais parfaitement bien arrangé et exécuté. Le disque se clôt par la très efficace « Viva Le Rock », taillée pour les concerts au Père Lachaise, même si la mère Lachaise n’est probablement pas d’accord. « Viva Le Rock » en tout cas, sonne ici comme un pur manifeste.

L’album live est à mon avis moins intéressant, simplement parce que comme disait Joe Strummer, « faire un live c’est se répéter ». Avec le son brut d’un concert, Mad Sin, groupe chargé, dense, compact, épais, devient moins audible pour le quidam, plus opaque, plus confus. Pourtant, tous les fans vous diront que ce live vaut 100 fois mieux que celui enregistré au Japon quelques années plus tôt. Et ils auront raison. La prise de son est très correcte, l’intro et l’enchaînement avec « Scarred Ol’ Heart » est du plus bel effet, et l’énergie est présente à chaque accord de gratte, chaque claquement de contrebasse, chaque éructation, chaque boumboumboum sur la caisse claire. Avec en prime leur version apocalyptique du « I Shot The Sheriff » de Bob Marley, que nos psychos à nous d’Happy Drivers avaient déjà reprise au début des 90’s.

Pas forcément le meilleur opus de Mad Sin, mais indispensable pour tous les fans qui se respectent, ce 20 Years In Sin Sin a le mérite d’être vendu à un pris plus que raisonnable et d’être chargé jusqu’à la gueule de bon son, ce qui en justifie largement l’achat en plus de vous permettre d’éviter la damnation, maudits mécréants que vous êtes…