Contexte :
Avec "28 Jours Plus Tard" et sa suite, avec le retour en grâce (mouais) de George A. Romero, avec Zack Snyder, avec "Shaun Of The Dead" et avec "The Walking Dead", la BD et le film, on peut dire que les années 2000 auront été celles du come-back des zombies de tout poil, ce que confirme le nouvel opus de The Brains, sobrement intitulé "Zombie Nation", parce que les vampires romantiques de "Twilight" c’est vraiment pour les gonzesses…
Chronique :
« Hé, ho, we gotta go » que ça dit à grand renfort de slaps de contrebasse qui poutre. The Brains n’est pas là pour faire pâtisserie ou l’inverse, et enfonce bien profond le clou du punkabilly (entendez du psychobilly rapide et destroy) viril, solide, musclé, à la fois classe et sportswear, comme dit l’autre...
On peut se plaindre parfois d’une trop grande ressemblance entre les groupes ou du classicisme béat de certaines formations qui ont du mal à se détacher de l’influence majeure de The Meteors, mais The Brains n’est pas de ceux-là. Car le trio de Montréal a un son bien à lui, parfois speed, parfois plus mid tempo, avec une bonne voix stylée et une production franchement à la hauteur, du genre à les faire entrer pour de bon dans la cour des grands.
Ici, le très bon côtoie l’excellent et y’a vraiment pas moyen de s’ennuyer une seconde. Les références au cinéma bis pleuvent comme vache qui pisse, avec de l’horreur et du gore évidemment (« Devil’s Crossroad », « Zombie Nation », « Screaming »), mais aussi une pensée pour Sergio Leone et pour Clint Eastwood (« Spaghetti Western »). « As I Stand » et l’excellente chanson-titre la jouent ultra rapide et en fermant les yeux on s’imagine très bien la violence du stomp en concert, au regretté Klub Foot ou à la salle des fêtes de Bure sur Yvette.
Dans un style plus tradi, le groupe convoque sur « Mexikaners » ses potes de Mad Sin pour faire les chœurs, et quels chœurs, et retourne presque au rockabilly sur la magnifique « Evil Never Dies » et ses superbes riffs de guitare qui résonnent. Et « Sweeter Than Wine » arrive à point nommé en milieu de parcours pour permettre au fan de reprendre un peu son souffle parce que l’énergie c’est bien, mais de temps en temps il faut aussi penser aux vieux qui n’arrivent plus à suivre.
Au moins trois perles absolues hantent cet album parfaitement recommandable. D’abord « Well Rise », superbement arrangée, avec une voix posée, mélodique, qui n’oublie pas de chanter au lieu de hurler, des chœurs qui sonnent comme les Sylvidres dans Albator, et un groupe carré, parfaitement en place, qui livre là un titre de haute volée. Ensuite « Screaming », un peu plus de deux minutes de bonheur dont je conseille le clip particulièrement chiadé, certes un peu tragique, et qui vu son propos ne devrait pas tarder à être censuré. Et enfin, une fois n’est pas coutume, « Après Cette Nuit », un titre en français (ben oui on est quand même au Québec !) toujours à 100 à l’heure, toujours avec des chœurs de cimetière, toujours avec une guitare tranchante, une contrebasse virevoltante et une batterie métronomique. Du grand grand art pour les petits et pour les grands.
Le skeud se clôt sur une reprise, pas des Meteors, pas des Cramps, pas même des Dead Kennedys ou des Sex Pistols, nan, juste une reprise de Depeche Mode, probablement pas un groupe qu’on s’attendait à retrouver dans une ruelle aussi sombre. Avec « Enjoy The Silence », les trois de The Brains prouvent qu’ils ont une vision du psychobilly d’aujourd’hui qui leur est propre, et que tout un tas de groupes d’ici et d’ailleurs auraient sans doute raison de leur envier au lieu de continuer à singer sempiternellement les anciens.
Note : 17 / 20
Année : 2010
Durée : 37 minutes
Labels : Stomp Records
Tracklist :
01. R.I.P.
02. We'll Rise
03. We Gotta Go
04. Screaming
05. Apres Cette Nuit
06. Devil's Crossroads
07. Sweeter Than Wine
08. Spaghetti Western
09. As I Stand
10. Zombie Nation
11. I Don't Care
12. Evil Never Dies
13. Mexikaners
14. Enjoy The Silence
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