VA - Vans Warped Tour 2009

Contexte :

C’est l’été sur l’île d’Amity, le soleil brule la peau et les filles en bikini brulent les yeux. Bercés par le murmure des vagues, les cris joyeux des enfants et les slogans monotones du marchand de glace échos de ceux du vendeur de beignets, les touristes se prélassent paisiblement sur la plage. Tout le monde a oublié les événements tumultueux ayant défrayé la chronique et entaché la mer d’hémoglobine quelques années auparavant. Même les histoires colportées par quelques plaisantins ne suffisent pas à couvrir l’appel rafraichissant de l’océan et se voient reléguées au rang de légendes estivales bonnes à être racontées au coin du feu (en espérant que sa voisine la plus proche vienne se blottir contre nous).
Le sable est chaud, doux et soyeux comme la chevelure blonde de la jeune fille dans laquelle le regard du garçon est empétré depuis des heures. Des jambes longues, fermes et délicates semblant gainées de soie alors qu’elles sont parfaitement nues. L’homme s’enivre de ces courbes et devient jaloux. Jaloux de la brise maritime qui peut sans peine caresser sa peau et jaloux de l’océan qui, innocemment, vient lécher délicatement les pieds de l’inconnue. Peu à peu la jeune femme s’éloigne et disparait dans les eaux bleutées. L’homme continue de l’observer, il n’est pas le seul, et plus loin au large, tapis dans le silence, deux globes noirs semblent tout autant fascinés par les membres inférieurs de la baigneuse. Mais là où, passif, l’homme la regarde s’éloigner sans bouger, le requin s’en approche, vite, trop vite...

2009, c’est l’été sur PunkFiction, alourdies par la chaleur, les chroniques sortent lentement de leur tanière sous l’œil avide du lecteur parcourant les pages la main collée à la souris par la sueur. Juin s’est déroulé sans encombres, Juillet en a fait de même et rien de semble s’opposer à ce qu’Août en fasse autant. Oubliées les 2 années précédentes durant lesquelles la compilation du Van’s Warped Tour était venue perturber la lecture tel le ’grand blanc’ gâchant une baignade. Mais pourtant, tapi à l’ombre de son ordinateur, un chroniqueur menaçait le frêle équilibre et, tel un Frankenstein finissant de rafistoler sa créature, il ajoutait les dernières lignes à son article au son implacable et métallique des cliquetis de son clavier.

Chronique :

Ainsi, vous n’échapperez pas cette année à ce passage obligé. Un passage qu’à priori rien ne justifie : en effet, à quoi bon s’entêter à se procurer une compilation dont on sait pertinemment qu’au final elle ne retrouvera pas, cette année encore, l’éclat d’antan ?
Pourquoi ? Parce que les habitudes ont la vie dure et qu’à force d’écouter annuellement cette double galette au retour des beaux jours, la compilation a rejoint la série des signes insignifiants qui marquent le début de l’été (au même titre que les rediffusions en pagaille, les travaux encombrant la ville, la diminution de la fréquence des transports en commun ou encore la météo des plages)...

Et comme cette année, avec le président du pouvoir d’achat, vous n’avez plus le pouvoir de partir en vacances, l’accumulation des ces petites choses devient presque essentielle pour se convaincre que oui, c’est bien l’été.
En plus, avec la pochette détourée de vert (pour un rendu plutôt laid d’ailleurs) et mettant en vedette NOFX, je pourrais presque me justifier en vous jouant la carte de l’impression du ’retour aux sources’. Il est vrai que le première partie est soignée avec un (très bon) inédit de NOFX, suivi de près par les Flogging Molly fidèles au poste (depuis 2004, ils n’ont manqué seulement l’édition 2007) et enfin un peu de Bad Religion pour conclure le trio de tête. Et tant pis si la bande à graffin nous sert du réchauffé : ça fait toujours autant de bien. Cela faisait un certain temps que l’on n’avait pas connu un tel enchainement sur cette compilation !
Cependant - et il en va de même de la quantité affolante de promesses présidentielles -, les gens connaissent le truc, et plus personne n’est dupe : cette petite série de morceaux de groupes symboles cache une forêt de formations d’une autre nature...

Car qui pouvait sincèrement espérer un revirement de situation concernant cette compilation ? Et même si 2009 est une année plus "audible" (la vague néo-emo semble commencer à passer), les reproches restent les mêmes. D’ailleurs après avoir enchainé les écoutes et fait germer les idées dans ma tête, je suis venu les confronter à la chronique de l’an passé, laissant couler les lignes au rythme des « Ah merde je l’ai déjà dit en 2008 ça ! ». Ainsi pas ou peu de changement pour ce nouveau cru : du « punk » radiophonique ou des groupes radiophonique tout court, de l’emo, des jeans slims et des hurlements pour montrer que malgré le mascara on est des durs... Des groupes qui, encore une fois passent (exception faite de la dernière catégorie) à petite dose entre deux ténors du punk mais qui servis en file indienne finissent assez vite par rester sur l’estomac.

Alors aussi horrible que 2008 cette compile ? Eh bien pas tout à fait car heureusement pour nous, cette nouvelle cuvée a revu à la hausse son taux de groupes attractifs (de mon point de vue), comprenez par là punk mélo/skatecore et autre formations ska-punk. Encore en minorité (une quinzaine au jugé, soit en gros le niveau de 2007 et 2006), les combos répondant à ces critères nous offrent quelques moments des plus sympathiques comme le petit trio cité plus haut ou bien encore les Westbound Train et leurs collègues de Big D And The Kids Table livrant chacun un titre respirant le soleil à écouter en mode kéké le bras pendant le long de la portière en se rendant à la plage. Pour le reste, alors qu’on pourrait penser que le Warped Tour est déserté par les groupes punk rock, on se voit contredit par l’arrivée de petits nouveaux et pas des moindres : The Flatliners et leur excellente « Eulogy », les Streetlight Manifesto, les anglais de Tat dont le champ féminin apportera un peu de fraicheur ou encore les gars de Pour Habit signant la feuille d’appel à la place de leurs cousins de The Offspring, perpétuant ainsi une tradition séculaire développée dans les amphithéâtre du monde entier. Même les Voodoo Glow Skulls - que l’on n’avait pas vus sur la compile depuis le deuxième volet -, signent un retour appréciable.

Et puisque l’on parle de varier les plaisirs, sachez que le hip-hop apporte encore une fois sa petite (et courte) touche de diversité POS et 3OH !3. Quelques surprises sont également au rendez-vous, pas toujours bonnes d’ailleurs comme Jeffree Star (un(e) cousin(e) éloigné(e) de Joey ?) avec un titre électro calibré tube de l’été (ça fait un peu peur quand même...). Surprise toujours mais un peu plus délirante cette fois-ci : la country presque parodique de The Reverend Peyton’s Big Damn Band.

Imperturbable dans sa lancée (et celle du Tour), cette compilation 2009 n’est guère surprenante. Cependant, retrouvant une plus grande diversité, elle se hisse au-dessus de l’édition 2008 qui faisait plutôt pale figure (et mascara noir). Ceux ayant apprécié les éditions récentes de la compile seront ravis, les autres, lassés, n’auront surement pas lu cette chronique.

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