VA - All Aboard : A Tribute To Johnny Cash

Contexte :

Cinq ans après la mort de Johnny Cash, Anchoreless Records lui rendait en 2008 un dernier hommage en réunissant pour un tribute album 15 groupes/artistes évoluant, selon des orbites plus ou moins grandes, autour du punk-rock. Une compilation dont les profits ont été reversés à Syrentha Savio Endowment, une organisation à but non-lucratif venant en aide aux femmes démunies atteintes d’un cancer du sein.

Chronique :

Quand on pense au punk-rock, le nom de Johnny Cash est loin de surgir à l’instant dans notre esprit. Rien de très surprenant à priori. Pourtant si l’artiste se trouve absent de la discothèque de nombreux punk-rockeurs, il aura en revanche influencé beaucoup de groupes présents dans cette même discothèque. Des groupes/artistes tels que The Bouncing Souls, The Sainte Catherines (étonnant que les québécois ne soient pas plutôt présents ici en tant que Yesterday’s Ring), Russ Rankin (Good Riddance, Only Crime…) ou encore Chuck Ragan (Hot Water Music), qui nous expliquent d’ailleurs, à travers le livret, ce que l’"Homme En Noir" a représenté pour eux.

Artistes punk certes, mais attention toutefois de ne pas être allergique à la country en attaquant cette galette. Car contrairement au rodéo des Me First And The Gimme Gimmes - qui reprenaient d’ailleurs déjà l’artiste culte de la musique US sur l’album Love Their Country - on restera ici bien ancré dans le style d’origine. Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à écouter la version de « I Still Miss Someone » présente sur le 7’’ Cash des Me First et celle qu’en fait ici Casey James Prestwood. Même si dans ce cas précis les dés sont légèrement pipés : la reprise d’un titre country par un artiste country pouvant difficilement donner un autre résultat.

Une orientation qui explique qu’une partie des artistes présents aient délaissé leur(s) groupe(s) pour venir se la jouer en solo sur cette compilation. Certes ce choix pourra en repousser certains, cependant quand on voit le résultat il est difficile de cracher dessus. Il faut dire que ces vieux briscards du punk-rock aux voix torturées et ne comptant plus les kilomètres au compteur, ont tous le timbre de l’emploi. Ecoutez donc Chuck Ragan sur « Wreck Of The Old 97 » ou encore la « Delia’s Gone » (la classique pour les coups durs, la bonus pour les happy end) de Ben Nichols (Lucero), et prenez votre claque.

Ceci dit, il n’y a pas que les cow-boys solitaires pour céder à l’appel des grands espaces. Quelques groupes au complet délaissent le temps d’une chanson leur domaine de prédilection. Là aussi le résultat est au rendez-vous comme on peut le constater sur « Gods Gonna Cut You Down » par The Gaslight Anthem.

Afin de satisfaire tout le monde, on retrouve néanmoins quelques interprétations plus orientées rock telles que « Man In Black » par The Boucing Souls, « There You Go » par The Saintes Catherines qui fait le pont entre les deux styles, ou bien « Hey Porter » par MxPx. On aura également droit à des titres un peu plus à part comme celui offert par The Dresden Dolls et leur « Ballad Of A Teenage Queen » nourrie aux sonorités d’Europe de l’Est.

Un disque qui sent bon le whisky, la poussière, les rades pourris perdus au milieu de nulle part, les faces taillées au couteau, et autres vieux pick-ups fatigués, endormis sur le parking. A écouter peinard en buvant sa bière, les yeux fixés dans l’agonie orangée d’un coucher de soleil. Au loin, marchant toujours vers un horizon incertain, vous y apercevrez peut-être l’ombre de l’"Homme En Noir"...

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