Strung Out + Blazcoocky @ Le Batofar (Paris - France) le 28/07/2011

La vie est illogique et pleine de dilemmes. Pleine de dilemmes car, une fois de plus, 2 concerts s’offrent à moi ce 28 juillet (alors qu’il reste dans l’année tant de jours morts). Illogique car plutôt que d’aller à quelques minutes en voiture de chez moi assister au passage des street punkers (bourrins) de Total Chaos, c’est vers Paris que je me dirige pour une petite séance de poésie sur fond de punk mélodique avec les zicos de Strung Out. En effet, un an et demi après leur passage au Batofar, les californiens sont de retour sur la péniche électro parisienne.

L’orga a collé 3 premières parties ce qui, au fond, n’est pas plus mal puisque ça me laisse tout le temps de quitter le taf, repasser à Nancy prendre mes affaires puis choper le train, le tout pour une arrivée sur site vers 20h15.

Me voici donc dans les entrailles du navire où règne une chaleur moite et au milieu de laquelle se répandent les odeurs de sueur mêlées aux effluves de bières bon marché. Enfin bon marché, pour ce qui est de la saveur, quant au prix, je me fais effectivement prendre au piège une fois de plus (il faudra songer pour la prochaine fois à apporter mes bouteilles) : 7€ la pinte, soyez heureux, c’est le prix « spécial concert » (en parlant de concert, à 1€ près c’était le tarif de celui de ce soir sur Nancy). Cependant, le long trajet associé à ce retour soudain de la chaleur en ce début de soirée ont raison de moi et me poussent vers le bar pour quémander quelque rafraichissement. D’où cette célèbre phrase gravée dans les manuels d’histoire : « Apporte-moi la gourdasse, le voyage m’a donné grand soif ».

Concernant les groupes, le deuxième finit son set dans un climat plutôt indifférent, en témoigne cet « échange » avec le public :
« - Alors qui a reconnu la reprise qu’on vient de jouer ?
- …
- Personne ?
- … »
Ceci n’empêche toutefois pas le groupe de jouer son dernier morceau avant de remballer les instruments.

Marrant comme dans la plupart des concerts, il y en a toujours pour être super bien sapés, du moins un peu trop bien pour l’évènement. Ce soir ça ne manque pas avec, entre autres, une fille perchée sur des escarpins vernis d’un rouge des plus flamboyants : joli mais pas très pratique dans le pogo.

Mais voilà Blazcooky, qui monte sur scène. Au premier abord le groupe officie dans le hardcore, seulement voilà il y a cette boite à rythme derrière laquelle se tient un étrange énergumène particulièrement agité et au sweat bariolé dont la fermeture éclair monte jusqu’en haut de la capuche, ce qui lui permet d’enfermer sa tête dans une sorte de masque. Je connais, j’ai la même sorte de cagoule en cuir avec en plus un bandeau pour les yeux et un bâillon amovible : bien sympa pour jouer avec une dame aux escarpins aussi alléchants (avec cependant quelques centimètres de talon en plus) que ceux de la miss sus-citée. Mais voilà que je m’égare. Cette boite à rythme, donc, nous sort des sonorités (pas forcement toujours audibles, il faut le dire) allant de l’électro à quelque chose de plus hip-hop. Et ça tombe bien puisque, le temps de deux ou trois titres, les lascars seront rejoints par un chanteur supplémentaire, qui, coupe afro vissée sur la tête, viendra élargir encore un peu l’horizon musical du groupe. Un mélange des styles qui réussit plutôt bien même si je n’y adhére pas forcement (la base hardcore est un peu trop bourrine, et les titres sont du coup de longueur excessive).

Tout le monde va ensuite se ravitailler au bar, j’en profite et me glisse devant la scène pour attendre Strung Out. Non loin de moi un groupe de sud-africains (et sud-africaines) ronge son frein et pour cause : leur voyage à Paris leur offre leur première occasion de voir Strung Out (ils ont même fabriqué une pancarte pour l’occasion), les californiens n’étant en effet jamais passés par leur pays (d’après ce que leur expliquera Rob, la seule fois où cela aurait dû se faire leurs plans ont été contrariés par le 11 septembre, la date devant avoir lieux quelques jours plus tard).

Mais place aux choses sérieuses avec le début du set et une entrée en matière de choix avec « Too Close To See » : voilà un concert qui s’annonce bien ! Le trio de tête se complète avec « Firecracker » et « Mind Of My Own », tous trois présents sur « Top Contenders », le "best of" récemment sorti du groupe. A vrai dire on s’attend logiquement à ce qu’une majorité des titres joués ce soir soient issus de cette compilation. Ce ne sera pas tout à fait faux avec « Deville », « Everyday » ou encore « Solitaire ». Cependant le groupe sait également faire quelques écarts (« Carcrashradio »), et ce pour notre plus grand bonheur surtout quand il s’agit de jouer « The Kids », titre injustement absent de ce skeud (sûr que certains choix n’ont pas dû être faciles à faire). La joie est d’autant plus grande que le morceau fait suite à une autre pointure, j’ai nommé « Velvet Alley ».

Avec ça pas étonnant que tout le monde soit trempé de sueur, à commencer par Jason dont pas une seule parcelle de fringues n’est encore sèche. Côté public cela se démène pas mal aussi et si la salle est ce soir loin d’être pleine, le pogo lui est présent. Il faut dire que quelques-uns des sud-africains s’en donnent à cœur joie. Et tandis que les uns s’agitent dans la fosse, les autres reprennent à gorge déployée les paroles et refrains connus sur le bout des doigts. A vrai dire il vaut mieux, car une fois qu’on cesse le sing along on se rend compte que le son n’est pas toujours au top avec, notamment, une voix trop noyée dans le reste. Un détail d’autant plus gênant que, par leur nature, les titres du groupe nécessitent un rendu plus que pointu (trop pour ce que le groupe peut réellement offrir en live diront certains), si on veut en saisir toute l’ampleur.

On a beau connaitre la disco du groupe par cœur, la surprise n’en est pas moins toujours possible au détour d’une corde. Strung Out se la jouera en effet Me First And The Gimme Gimmes en agrémentant ses titres de passages empruntés ici et là, glissant au milieu de « In Harm’s Way » un riff de Panthera ou fredonnant les « my girls » de « Where did you sleep last night ? » (morceau que beaucoup ont découvert après sa reprise par Nirvana), au beau milieu de « Bring Out Your Dead ». Un titre immédiatement suivi par la sublime « Matchbook » annonçant malheureusement la fin du set.

Le rappel ne se fera bien entendu pas attendre, avec une petite surprise toutefois, puisque seul Jason reviendra sur scène, équipé d’une guitare sèche. C’est donc parti pour un mini-set acoustique avec « Exhumation Of Virginia Madison » et « Scarlet » : la grande classe. Vous en voulez encore ? Ça tombe bien puisque c’est désormais l’ensemble du groupe qui revient sur scène, se réinstallant au son des « Happy Birthday Chris » (il faut croire qu’effectivement c’était le sien) lancés par les fans. C’est donc parti pour trois derniers titres dont « Away » et la ravageuse « Analog ».

Voilà, c’est fini, comme l’année dernière les zicos viennent serrer les mains au public avant de partir. Un public qui ne s’attarde pas (bah oui il faut laisser la place libre pour la soirée électro hype d’après, c’est le Batofar je vous rappelle) et sort en rang serrés, hésitant parfois à s’arrêter au merch de peur de créer un bouchon (en plein dans le passage, l’emplacement n’est pas forcément le meilleur).

En tout cas ça fait plaisir de revoir Strung Out, d’autant plus qu’on ne s’attendait pas à ce que les californiens reviennent si rapidement (à peine un an et demi s’est écoulé depuis leur dernière venue) : tenez le rythme les gars ! Et qui sait, peut-être que la prochaine fois le groupe s’attardera un peu plus en France, et bénéficiera d’une salle un peu plus appropriée ou plutôt meilleur marché, car chez nos voisins européens le ticket d’entrée se négocie à presque une dizaine d’euros de moins sur cette tournée...