Star Fucking Hipsters + Union Jack + guests @ La Miroiterie (Paris - France) le 11/05/2010

La plus lente agonie du monde. La Miroiterie, donnée pour morte depuis plus d’un an, continue de se débattre, et voit sa programmation punk fleurir ce printemps ! En plus de gratter de nombreux mois (ses procès imminents ont été repoussés… en octobre), la voilà qui grappille du créneau horaire ! Le couvre-feu est passé de 22H à 23H, ils doivent être contents les voisins !

Et heureusement, parce que ce soir, le groupe avec le backline (amplis + batterie), ce sont les américains de Star Fucking Hipsters. Il est 19H30, le flyer indique que les concerts débutent à 19H, et ils ne sont toujours pas là. En fait les new-yorkais se sont fait contrôler pendant plus de 3 heures à la douane suisse. Faut dire qu’avec leurs dégaines (tatoués jusqu’au cou, imbibés jusqu’aux yeux et sans doute drogués jusqu’aux orteils), il devrait inclure un « créneau douane » dans leur feuille de route… Ils arrivent finalement, sans se presser, et les Beng Beng Cocktail peuvent s’installer, lentement. Leur style est appelé « crystalcore acoustique ». Le trio (deux grattes + une basse) fait du Leftöver Crack en acoustique, en gros. Et ça se voit… enfin ça s’entend, dès qu’ils balancent leur intro, aux arrangements soignés. Les trois membres chantent (ou hurlent) et se succèdent au micro tout en déversant leurs gimmicks ska. Malheureusement le son n’est pas toujours tip top, avec notamment une des voix inaudible au début, et les gens restent assez éloignés de la scène devant cet OVNI musical, avant de comprendre le truc et de rentrer dedans. Le trio ne se sera en tout cas pas démonté et laisse vite sa place à Street Poison, parce que les aiguilles tournent et que la soirée a pris pas mal de retard.

Street Poison par contre, c’est plutôt une succession de déclarations d’amour à Rancid. Dans les lignes de basse ou dans les lignes de chant, et même dans les poses et gestuelles, on sent que les gars vénèrent la bande de Tim Armstrong. Comme d’habitude ça le fait bien, et les premiers pogos de la soirée démarrent. C’est que la salle est maintenant bien remplie, et qu’il commence à y faire chaud et humide.
Pendant ce temps, Stza (chanteur de Leftöver Crack et fondateur de Star Fucking Hipsters) cherche à se rincer le gosier de whisky. Direction le bar d’en face, où le gaillard s’en commande un double, qu’il boit comme un shot. Costaud. Retour à la salle où les ex-Loki & The Family achèvent leur show en mouillant le maillot (et le chapeau), et sont salués par de sincères applaudissements.

L’ambiance monte au fur et à mesure que le temps passe, et il est presque 21H quand les Union Jack, instigateurs de la soirée, débarquent sur scène. Seuls des titres de leur premier album seront interprétés ce soir, au désarroi des vieux fans (ça réclame des chansons pas jouées depuis 5 ans), mais pour le plus grand bonheur du groupe, qui semble bien s’éclater dans ce format « on est à la bourre on joue dans l’urgence tout à l’arrache ! ». Les deux voix semblent encore avoir gagné en complémentarité à force de concerts, et un morceau comme « The 13 Ways », balancé en début de set, vient encore faire monter la tension avec son refrain punchy. On pogote joyeusement maintenant, et dangereusement pour les enceintes, juchées sur leurs pieds sur les côtés de la scène. Sur la fin on flirte avec le gros bordel, puisque sur « Life Is Peachy », le pied de micro du gratteux Tom est envoyé contre le mur. Boum plus de son, et petite pause forcée (avec quelques soucis à la guitare en cadeau bonus) avant d’enchaîner sur la version surboostée du « Guns Of Brixton » des Clash. Tant pis, ça sera un micro pour deux, quatre, sept… voilà que la scène est envahie par les keupons qui veulent chanter ce refrain héroïque, tandis que le pit constitue maintenant les 3/4 de la salle ! Grand moment, et ça promet vraiment pour le set des new-yorkais !

Les Star Fucking Hipsters enchaînent clope sur clope, et éclusent tout l’alcool qu’ils peuvent trouver. C’est qu’en arrivant à la bourre, les français ne les ont pas attendus et les bières ont déjà été englouties. Les quatre musiciens s’installent, la petite chanteuse Nico de Gailo attend patiemment entre eux, clope au bec, bière à la main, t-shirt vert des Pogues sur les épaules. Un accoutrement pas innocent quand elle entonne « Immigrants & Hypocrites ». Grosse cavalcade, le petit bout de femme tatoué saute sur place, de même que Stza avec sa Telecaster. C’est direct le gros bordel dans la fosse, les enceintes sont malmenées et il faut que des costauds passent leur concert à tenir les pieds pour qu’elles survivent.
L’énergie déployée est impressionnante, et le groupe est bien en place. Y a pas à tortiller du cul pour chier droit : ça joue mieux que les deux derniers passages parisiens de Leftöver Crack. D’ailleurs les deux chanteurs (Nico et Stza se relaient) doivent même se trouver bien sobres, puisqu’ils arrêtent de jouer au bout de 4-5 morceaux, réclamant de la bière pour continuer… Bon on veut bien qu’ils crèvent de soif, mais là ça fait un peu caprice. Du coup c’est un cubi de vin qui atterrit sur scène, et voilà la chanteuse qui soulève l’objet qui fait la moitié de sa corpulence pour ingurgiter une bonne grosse rasade de vin rouge.

Et dans le genre bonne grosse rasade, les chansons des new-yorkais viennent rincer l’audience, avec la très bonne « Design », sur laquelle la vocaliste fait des merveilles, ou l’enchaînement loupé « Vol.II » / « 3000 Miles Away ». Enchaînement loupé parce que le pépère Stza réprimande l’ingé-son après le morceau de 15 secondes pour lui signaler que « ce serait cool que les gens entendent quelque chose ». Il serait pas un peu chiant le gaillard là quand même ? En tout cas on voit qui est le patron, de par les caprices, le charisme, mais également les riffs supra-efficaces qu’il envoie. Le sens de la mélodie est à l’honneur sur les chansons mid tempo aux allures de tubes, comme « 3000 Miles Away », mais également la succulente « Cup Of Tea », où le gratteux se la joue en reproduisant le clavecin en mode Louis XIV avec facilité et classe.
L’ambiance est vraiment grosse, mais alors que la fin de set approche, une intro va faire chavirer tout ça. Et boum, « 500 Channels » de Choking Victim est balancée, et on sent que certains n’attendaient que ça. Grosse poussée dans le pit, et une armée de poings qui se dresse au moment de reprendre en chœur le refrain. Voilà qui fait passer plus de frissons que le best of de Barbara Streisand ! On se dit qu’il s’agit là de la fin de set parfaite, mais derrière ils entament « Until We’re Dead », qui donne son titre à leur premier album, et c’est juste de la furie. Le morceau survitaminé s’achève dans une course-poursuite entre Stza et Nico (appuyée par le public), clamant chacun son tour. Voilà le Stza juché sur la bordure du côté, surplombant le micro dans lequel il beugle. Tout le monde est avec eux et accompagne la déferlante, qui vient foutre une deuxième claque d’affilée pour mettre un terme au concert.

Oui mais non, parce que les gus restent sur scène, et 20 secondes après avoir terminé, rebalancent un titre du premier album, aussitôt enchaîné par une autre reprise des Choking Victim : « Infested ». Bon là tout le monde jette ses dernières forces dans la bataille, et les « oh-oh » du refrain sont scandés par toute une génération qui doutait furieusement de voir ces titres ré-interprétés un jour. Ou alors qui redoutait de voir Leftöver Crack les massacrer… Mais après une telle prestation et l’annonce d’un nouvel album sur Fat Wreck en 2011, l’avenir des Star Fucking Hipsters s’annonce aussi bien que celui de LöC fait planer de nombreux doutes… Enfin, on peut toujours compter sur les crack steady rockers pour continuer « untill they’re dead ». Un peu comme la Miroiterie quoi. Incontestablement, c’était l’endroit parfait pour accueillir ce groupe.

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