oct.
11
2007
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One ’N’ All, Fight For Unity |
Contexte :
Le groupe lillois signe (enfin) son retour, près de quatre ans après la sortie d’ I Wish I Was Underground To Stick It On My Face. Quatre années passées à effectuer plusieurs tournées à travers la France mais qui restent surtout marquées par pas mal de bouleversements, avec des changements de line-up (Vianney laisse sa place à Jah à la guitare, Max s’installe derrière les fûts et Mike abandonne son poste de bassiste peu avant la sortie de ce l’album) et un nouveau label (LGM, celui de leur voisins et amis de Marcel Et Son Orchestre) qui leur assure une distribution nationale via Wagram. C’est donc avec un sentiment mêlé d’interrogation et d’impatience que l’on écoute ce deuxième opus.
Chronique :
Le cap du deuxième album est toujours très attendu et il y a deux manières de le franchir : rester dans la même veine ou bien évoluer, changer d’orientation. Ce dernier choix reste cependant à double tranchant car un premier album réussi laisse toujours espérer un successeur de qualité au moins équivalente. On ne va pas tourner autour du pot plus longtemps, ceux qui se sont passés en boucle I Wish I Was… vont rester sur leur faim. Sans forcément s’arrêter sur cette comparaison qui peut paraître réductrice, cet album est une déception.
Ce qui frappe en premier est la voix de Mat. Bien qu’elle garde une grande partie de son charisme, les envolées ragga, ska ou autres, les changements de ton et de rythme ne sont présents qu’à de trop rares moments ("Discuting Guy", "Carving", "Fight Is Elsewhere", "Punky Guy", "The Shout Of Silence"). En ce qui concerne la partie musicale, on notera peu de bouleversements. Le mixage effectué par Stéphane Burriez (Loudblast) donne un ensemble plus homogène et parfaitement équilibré. Les guitares d’Olive et Jah sont toujours bien en place, la section rythmique joue désormais parfaitement son rôle de colonne vertébrale, se pliant aux exigences des nombreux changements de rythmes ("The Incredible Story Of Bobby Lee", "Carving", "Fight Is Elsewhere", "Punky Guy"). Mais Carving a perdu un peu de son grain de folie en jouant désormais dans la sobriété, j’entends par là que l’on peut dissocier les titres punk mélo des morceaux ska ou assimilés. On retrouve donc des tunes mélodiques franchement réussies ("The Incredible Story Of Bobby Lee", "Fight Is Elsewhere") alliant vitesse, breaks et toutes les autres caractéristiques du genre, A mettre également à l’actif du groupe dans cette "catégorie", "Love Story (Part 2)", le duo avec la chanteuse de Barbirooza, groupe électro de Lille. Le reste est sans grande originalité mais se laisse écouter.
Disposant désormais d’une section cuivre qui lui est propre, on s’attendait à entendre plus de passages ska punk dont le groupe a le secret. On devra se satisfaire avec trois titres : "Punky Guy" et son refrain bien speed aux chœurs péchus qui donne des fourmis dans les jambes, un "Social Rebellion" qui joue un ton en-dessous et surtout le très bon reggae "Carving" et sa fin punky. Autre titre ska-punk (mais sans cuivres), l’anti-Bush "Discusting Guy" qui rappelle "Time Bomb" de Rancid.
Mais ce qui rend la galette indigeste sont les trois titres en français. Musicalement sans grand intérêt, sombrant dans la facilité ou le déjà entendu, on peut se poser la question du bien-fondé de ce choix pas forcément opportun. Au-delà de la musique, le principal défaut vient des paroles, ce qui prouve que l’exercice du chant en français est vraiment casse-gueule. Sans demander la qualité d’écriture de Tagada Jones, la moindre approximation ou maladresse dans les textes ne passe pas inaperçu. En plus, le chant de Mat dans la langue des Bérus passe mal du fait de ses intonations un peu trop forcées.
Moins frais et moins fun que le précédent, ce One ’N’All, Fight For Unity ne peut pas être qualifié de ratage complet, sauvé par quelques titres de grande classe. Que ça plaise ou non, Carving assume et revendique ses choix. Et c’est tout à leur honneur.
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