Nina’ School w/ Black Sheep

Contexte :

Une rencontre qui n’était pas prévue à la base, ça donne parfois de drôles de résultat, demandez plutôt à Tony Parker et Eva Longoria... Mais dans le cas de ce troisième volet des splits Guerilla Asso, la partouze auditive de Nina’ School et Black Sheep donne naissance à un joli rejeton.

Chronique :

Et comme pour les précédents volets (Guerilla Poubelle / Charly Fiasco et Justin(e) / Diego Pallavas), la jaquette est ornée de personnages aux couleurs de chaque groupe, sur fond d’espèce de papier peint quand même moins dégueu que celui à fleurs de la cuisine de grand-maman. Le principe du split est simple, mais ici l’histoire a été un peu compliquée. Petit épisode des Feux de l’Amour, accrochez-vous : Black Sheep devait faire son split avec Mon Autre Groupe, et surtout Nina’ School devait le faire avec Dolores Riposte. Le problème c’est que les titres enregistrés par Dolores Riposte ne leur convenaient plus (ils les ont d’ailleurs mis en ligne sur MySpace, et on ne peut pas leur donner tort), et que l’affaire a stagné pendant pas mal de mois. Du coup les Black Sheep se retrouvent avec Nina’ School, et Mon Autre Groupe a sorti de son côté l’EP « Le Déclin », ce qui n’est pas plus mal finalement, vu l’exercice (un seul titre de 9 minutes) :ça va, vous suivez toujours ?

Alors si traditionnellement le groupe A reprend le groupe B, ici on a le droit à des reprises des groupes C et D. Nina’ School adapte donc posément le « Veuillez Agréer » de Dolores Riposte avec Alex, le batteur de Guerilla Poubelle, en featuring, tandis que Black Sheep se fend d’une version bien sentie de « Ce Bateau A Sombré » de Mon Autre Groupe, en greffant des gimmicks ska à la chanson de type hardcore. Une créativité que l’on retrouve chez les belges sur le morceau « My Boy », qui commence presque comme une chanson folk, avant de partir en fiesta et de se voir agrémenté d’un passage du « Roots Radicals » de Rancid.
C’est là toute la force de Black Sheep, savoir piocher dans un tas d’influences, tout en donnant une cohésion et une identité à ses morceaux. Le terme skacore, qui pourrait le mieux les définir, n’est même pas assez représentatif de l’éventail, comme le démontre « La Finalité Est un Cul De Sac », qui est lyriquement accompagné d’une énumération « Pension, salaire, éducation, carrière, maison, barrière » qui peut rappeler celle de la fin de Trainspotting. Comme c’est la tradition dans leur pays, les belges brassent beaucoup, et le font très bien, avec un résultat aussi percutant que fédérateur (le refrain de « Sabotage »). Pour le côté plus core que hard, on retrouve surtout les deux titres en anglais, qui s’ils peuvent sembler moins riches ne perdent pas en efficacité. Le split se referme donc sur une partie puissante, où l’on passe du hardcore au ska, du coq à l’âne, du moule à... gaufres.

Et parce que le punk-rock n’a pas de frontière, comme le dit 68 fois Anti-Flag par concert, direction Bordeaux, avec les rejetons de Nina’ School, qui reprennent les choses là où leur premier opus les avait laissées. C’est qu’avec le changement de participants au split, les morceaux présents sont assez âgés (la version électrique de « Mr Antikidz », titre placé sur la compilation acoustique « Go Folk Yourself »), et ont déjà été bien rôdés en concert. Précédant de quelques mois le second album, qui est généralement celui de la maturité (ah la branlette journalistique !), le combo reste immature et s’adresse à tous les Eric Besson du punk sur « De Travers » : « Paraît qu’on est trop jeunes pour faire du punk-rock / Paraît qu’on crache sans hésiter sur tes codes / Je ferai pas l’effort de m’intégrer ». Voilà, c’est dit, et avec la manière, le refrain étant aussitôt entendu / aussitôt retenu, comme sur toutes les autres chansons. Ils ont autant de facilité à faire se faufiler leurs mélodies que Lionel Messi ses crochets, et vont casser autant de reins avec ces riffs qui giclent sur chaque break, la preuve sur « Gêne et Ethique ».
Les kids vont encore pouvoir s’adonner au sing along pendant les concerts, avec le refrain de l’excellente « 7m² ». Les voix se répondent, les guitares multiplient les plans et la section rythmique s’amuse sur « Dernière Edition », morceau moins efficace et à l’ambiance plus sombre, plus « hardcore ». Et aller, parce qu’il faut bien trouver un défaut à la petite Nina, les textes comportent pas mal de fautes de frappe et/ou d’orthographe. Mais bon, peut-être qu’elle n’est pas programmée pour ça. Et puis manquerait plus qu’elle excelle dans toutes les matières...

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