mai
25
2011
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Fucked Up + Youth Avoiders @ Le Batofar (Paris - France) le 18/05/2011 |
Je vous jure, on se barre de Paris pendant à peine trois ans, et ça devient le bordel. Le Batofar qui accueillait la crème de l’émocore (si, si, ça a existé), fait maintenant plutôt dans les DJ sets destinés à la hype parisienne, avec sponsoring de boissons énergétiques au logo fluo collé partout dans la salle. Heureusement, de temps en temps, il y a des programmations qui redonnent un peu d’espoir, comme ce soir avec les tarés de Fucked Up, et le groupe parisien qui monte, Youth Avoiders.
Autant dire que les habitués de la terrasse en train de boire leur "cosmopolitan" d’afterwork ne doivent pas comprendre ce qui se passe à l’étage du dessous quand les Youth Avoiders investissent la scène. Et encore, plutôt habitué aux plus petites salles, le groupe livre une performance assez décevante par rapport à ce qu’on a pu voir sur d’autres dates. Alors manque d’ambiance (on doit être une vingtaine à les regarder jouer) ou manque d’alcool (il paraît que c’est leur secret), on ne saura jamais ce qui s’est passé. Par contre, ce dont ils ne manquent pas, c’est de l’auto-dérision ; surtout en cas de petits problèmes comme quand le bassiste casse sa corde, ou sur un break joué trop tôt sur une reprise de The Observers. Bref, ce n’est probablement pas ce soir qu’ils vont gagner des fans, mais ils ont plein de dates pour se rattraper. Et pour ceux qui fréquentent un peu les concerts de hardcore sur Paris, ça fait bien longtemps que Youth Avoiders n’a plus rien à leur prouver.
On nous fait alors patienter pendant le changement de matos avec l’album de La Dispute : ça donne envie d’aller les voir cet été. Enfin, pour le moment, c’est au tour de Fucked Up de jouer. Le ton est donné dès les premières notes de "Two Snakes" : si le groupe repousse les limites musicales du hardcore en studio, en live c’est plutôt les limites physiques. Pendant tout le concert, le chanteur se balade parmi le public, avec le micro qui lui sert de fil d’Ariane pour retrouver son chemin. Les gens sont contents, c’est pas tous les jours qu’ils peuvent poser pour la photo avec leur chanteur préféré dans un pit plutôt agité.
Il faut bien reconnaître que le hardcore expérimental des Canadiens fait mouche, c’est très dur de ne pas au moins bouger la tête sur les rythmes groovy de "Turn The Season", "Crooked Head" ou "Magic Word". Et puis être à six dans un groupe, ça permet de diversifier ne serait-ce qu’au niveau des voix : on met la bassiste à chanter sur "The Other Shoe", ou un des guitaristes en back vocals sur "Black Albino Bones" (d’ailleurs, ils feraient bien de le mettre plus souvent au chant celui-là, sa voix planante apporte un vrai plus).
Autre chose assez rare dans le hardcore pour être soulignée : le groupe est drôle. Entre deux chansons, pas de discours genre "le racisme, c’est mal". Là ça tourne plutôt autour de l’embonpoint du chanteur (apparemment dû à la découverte simultanée de la marijuana et du nutella), et du fait que personne ne soit gros en France (visiblement, Le Maillon Faible n’est pas diffusé au Canada).
Bref, quand on a une ambiance sans prise de tête comme ça, la soirée défile à une vitesse folle. Après un "Son The Father" enragé, le groupe part vite se recharger en Coca frais et enchaîne sur "Police" en guise de rappel (chanson élue démocratiquement au scrutin bruyant universel). De quoi achever de convaincre les gens qu’il n’y a pas forcément besoin de mosh-parts pour prendre son pied en matière de hardcore.
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