Contexte :
Un ex-chanteur de Ten Foot Pole, un batteur de Strung Out, un bassiste de No Use For A Name et Face To Face, un gratteux de Zero Down et Strung Out... Ajoutez à cela Mike Harder, excellent guitariste, seul fidèle au groupe depuis ses débuts (avec Scott Radinsky, le chanteur), et vous obtenez une belle brochette qui a, c’est le moins qu’on puisse dire, toutes les armes en mains pour nous distiller une crème de punk rock mélo. C’est en 1996 que Pulley, qui n’est au départ qu’un side-project, sort son premier album. Enregistré un peu à l’arrache, il a fallu jongler avec les responsabilités de chacun dans d’autres groupes pour un Esteem Driven Engine toutefois déjà très convaincant.
Chronique :
L’album commence très fort ! Le tubesque "Cashed In" prend au tripes dès le début, petit riff étouffé qui servira de "fil rouge" au morceau, l’intro embraye vite, le speed, la 2è gratte bien en place, la rythmique bien soutenue. La voix de Scott se lance, mélodique, bien que parfois un peu trop en retrait, elle est souvent mixée avec pas mal d’écho et de reverbe (comparé à Rev de Ten Foot Pole) ce qui est une marque distinctive du style Pulley.
Les variations dans les mélodies sont souvent bien venues (entraînante et fun sur "Barf"...), et celles du jeu de Jordan, le batteur, sont assez impressionnantes sur des morceaux comme "Wok Inn", "She", "All We Have" etc ... On reprochera tout de même à certains changements ou intros, biens que bons, d’être repris trop souvent. Le début de "Barf" ou le pont de "All We have" sont assez similaires à l’intro de "Cashed In".
Les influences sont clairement affichées, des morceaux comme "Crawl", "Four walls" ou "SFBIHYD" n’ont rien à envier à Bad Religion d’autres rappellent NoFX comme "One Shot" qu’on prendrait presque pour une reprise d’un vieux morceau du fat band (son de gratte un peu crade, rythme de batterie, pont, débit du chant, placements des choeurs tiercés...), d’autres encore, très skate, rappelle les premiers Millencolin comme "She" par exemple. Des choeurs et back vocals sont souvent présents, bien placés, souvent en tierce, portent des mélodies de chant suffisamment variées et véhiculant pas mal d’émotion qui, alliée à la vitesse, rend la plupart des tunes souvent super entraînantes. Mis à part le grain de voix un peu éraillé de Scott sur "Silver Tongue Devil", le chant de Jim Cherry assez peu convaincant sur la première partie de "No Defense", il y a peu de chose à reprocher à cet album.
Le manque de personnalité de certains morceaux est souvent sauvé par des solos de grattes (celui de "No Defense" est à chialer ! il rend le morceau vraiment bon), des originalités comme la fin de "Lifer", une diversité de rythmes grâce au talent de Jordan Burns (en démonstration !) et des morceaux tantôt mid-tempo comme l’excellente et très Graffinienne "SFBIHYD" ou même lents comme "Four Walls". Les textes parlent de filles, de solitude, des expériences de jeunesse, des thèmes très "ados" mais abordés avec pas mal de maturité et assez réfléchis pour un potentiel d’émotion réel sur des morceaux comme "No Defense" ou "Seain Different" qui est pour moi le meilleur de tout l’album et une des meilleures tunes de Pulley tout simplement (ce solo de basse, ces choeurs !!). Bref, jetez vous là-dessus ! les Pulley nous rendent une très bonne première copie, c’est propre (trop ?), académique (trop ?), certains, les plus blasés, ne prendront pas une baffe d’originalité mais ça vaut sérieusement le coup !
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