Converge + Touché Amore @ L’Astrolabe (Orléans - le 02/12/12

Décembre ! On a eu chaud, mais finalement, on aura bien une date de Converge en France en 2012, comme quasi tous les ans depuis 2007. D’une manière assez improbable, c’est à Orléans qu’aura lieu le pèlerinage de cette année.

Le problème avec Orléans, c’est que si tu veux pas assassiner ton compte en banque avec des frais de péage exorbitants, le tarif c’est 5h de route nationale depuis Clermont-Ferrand... On n’est donc pas fâché d’arriver enfin à l’Astrolabe sur les coups de 18h, avec une furieuse envie de se dégourdir les jambes. C’est pas sur The Secret qu’on va pouvoir le faire. Je n’ai rien contre le metalcore en règle générale, mais quand les compos sont aussi mal inspirées et le son dégueulasse, c’est vraiment un style ennuyeux. Finalement, le seul élément un peu original et décalé sera la batterie. Non pas le jeu du batteur, mais bien la batterie : avec les tomes à paillettes, elle a plus l’air de sortir du Plus Grand Cabaret du Monde que d’un concert de métal. Le pire dans tout ça, c’est qu’on peut même pas se réfugier dans l’alcool : pour avoir le droit de consommer, il faut adhérer à l’asso qui gère la salle (? !). Notre seule échappatoire sera donc de descendre 3 étages à pied pour aller s’en griller une dans le froid.

A Storm Of Light remonte un peu le niveau ensuite. Visiblement bercé par Isis ou Neurosis, le groupe distille un doom-sludge expérimental (à moins que ça ne soit de l’ambient post-metal ? Je m’y perds un peu dans les étiquettes. C’est du "métal à poulpe" quoi, selon l’expression consacrée ici), appuyé par des images projetées, comme le fait Red Sparowes. Pas très étonnant quand on sait que le guitariste était justement l’un des membres fondateurs de ces derniers. En tout cas, les voix gutturales avec les riffs lents et profonds derrière, c’est autrement plus intéressant que ce qu’on a eu avant. Bon par contre, style oblige, c’est joué de manière totalement autiste. Du coup, c’est un peu dur de rentrer dedans, on a l’impression de déranger le groupe en pleine répète. Dommage.

On attaque ensuite les vraies choses sérieuses : Touché Amore. Un an et un split-EP après leur dernier passage en France, les Californiens n’ont rien perdu de leur fougue. C’est toujours aussi carré et aussi fou en même temps, et bien sûr, le chanteur a toujours une voix qui nous laisse sans la nôtre. Enfin, façon de parler. La fosse s’est enfin animée ; il y a des candidats au sing along, et vu la setlist, ils n’ont que l’embarras du choix : "Pathfinder", "Cadence", "Nine", "Home Away From Here"...
Les nouvelles compos "Whale Belly" et "Gravity Metaphorically" ont encore besoin d’un peu de temps pour s’imprimer dans l’aire du cerveau réservée aux lyrics, mais reçoivent un très bon accueil. La hargne et l’intensité que le groupe met dans son jeu de scène y est probablement pour beaucoup là-dedans. Touché Amore, c’est vraiment la définition même du hardcore qui te prend aux tripes, le hardcore où tu cries viscéralement toutes tes émotions, a capella même, si besoin. Ce qu’on s’empresse de faire sur le dernier refrain d’"Honest Sleep", qui vient clôturer ce set, encore une fois magistral.

Vingt minutes plus tard, c’est au tour de Converge de rentrer en scène. Cinquième fois que je les vois. Lassée d’avoir "Concubine" en ouverture ? Bah non. Me prendre une claque d’une minute de décibels, de hurlements et de chaos d’entrée de jeu, je trouve que c’est la meilleure façon de commencer un concert. D’autant qu’avec "Dark Horses", "Trespasses" ou "Bitter And Then Some", le rythme n’est pas prêt de ralentir. Dans le pit, on fait tous un peu balle de flipper, et il est grand temps d’appliquer ses leçons élémentaires de survie. Déjà, le mec qui tangue avec un gobelet à la main, on l’évite si on veut pas sentir la bière en plus de la sueur en sortant. Et le mec avec un blouson à pics, on le fuit comme la peste : il porte forcément des Doc Marten’s, et ça fait mal quand tu te fais marcher dessus. Une fois ces quelques règles établies, on peut tous apprécier ce qui se passe sous nos yeux : Ben Koller qui fait des trucs improbables à la batterie, Kurt Ballou qui se démène à la gratte, et Jacob Bannon qui n’a rien perdu de sa théâtralité en un an. Si on pouvait capter l’énergie qui se dégage de ce groupe en un concert, la légende dit qu’on pourrait alimenter en électricité une petite ville pendant une année.

En attendant, le transfert énergétique se fait plutôt vers le public. Il faut dire que le nouvel album, plus "accessible" (ou en tout cas avec des paroles compréhensibles), est très propice au partage de micro, que ce soit sur "All We Love We Leave Behind", "Aimless Arrow" ou "Empty On The Inside". Dommage qu’ils n’aient pas poussé l’expérience "Coral Blue" jusqu’au live par contre, mais c’est vrai que dans une setlist à 200 à l’heure, ça l’aurait peut-être pas fait.

De toute façon, comme le reste de la setlist, c’est que du classique des albums précédents (seul No Heroes sera laissé de côté), on n’a pas le temps de s’ennuyer, et les dernières notes de "You Fail Me" arrivent bien trop rapidement à notre goût. Les Bostoniens reviennent vite pour le rappel : un enchaînement "First Light"/"Last Light" de derrière les fagots, la dernière chance pour se casser la voix ou se faire un bleu, histoire de repartir avec sa blessure de guerre. Et comme d’habitude, on peut aussi repartir avec un bout d’ADN du groupe, puisque ces messieurs restent à la fin de leur set pour serrer les mains des fans. Une attitude qui se perd chez les groupes de cette envergure, et qu’on est bien content de retrouver de temps en temps.

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